Chien prognathe : le prognathisme chez le chien

Le prognathisme est une malformation dentaire caractérisée par une mâchoire plus longue que l'autre, alors qu'elles devraient avoir à peu près la même longueur. Cela se traduit par le fait qu'une rangée de dents se retrouve devant l'autre lorsque la bouche est fermée.

Le mot « prognathisme » vient de « pro » et « gnathos », qui signifient en grec « avant » et « mâchoire ». On parle aussi parfois de « prognathie ».

Le prognathisme existe chez l'être humain et chez certains animaux, dont le chien. Certaines races sont particulièrement concernées, mais il peut techniquement toucher n'importe quel individu, à des degrés plus ou moins importants. Chez quelques races brachycéphales, il est carrément recherché tant par les organismes que par les adoptants, car il donne au museau une apparence particulière qui est appréciée.

Le prognathisme est un problème génétique et congénital, c'est-à-dire qu'il est présent dès la naissance. Cela étant, il n'est pas forcément détecté tout de suite : s'il est léger, il peut passer inaperçu pendant quelques mois voire jusqu'à ce que la croissance du chiot soit terminée et qu'il soit alors nettement plus fragrant.

Même si aucune étude n'a encore permis de le prouver, les spécialistes pensent que la mutation génétique qui en est à l'origine se transmet selon un mode récessif. Cela signifie que les deux parents doivent être atteints de la mutation pour que tout ou partie de leurs petits le soient aussi. Si un chiot hérite la mutation d'un seul de ses parents, il n'est pas prognathe et a des mâchoires normales ; il peut toutefois la transmettre à son tour et avoir des petits prognathes.

À ce jour, aucun test ADN ne permet d'identifier les chiens porteurs de la mutation. Il n'est donc pas possible de les exclure de la reproduction, et ce faisant d'éviter de propager cette malformation génétique. Toutefois, on peut au moins s'abstenir de faire se reproduire les individus prognathes : c'est déjà mieux que rien.

Comme chez l'humain, il existe chez le chien deux types différents de prognathisme :

• le prognathisme inférieur, lorsque la mâchoire inférieure est plus longue que la supérieure ;
• le prognathisme supérieur, lorsque c'est l'inverse.

Le prognathisme inférieur désigne le cas où la mâchoire inférieure est nettement plus longue que la supérieure. Un chien atteint de cette forme est qualifié de « grignard ».

Cela se traduit par le fait que les dents du bas passent devant celles du haut lorsque les mâchoires se rejoignent. Dans les cas les plus sévères, elles peuvent même être visibles lorsque la gueule est fermée.

Compte tenu de la forme particulière de leur crâne, le prognathisme inférieur se retrouve en particulier chez les chiens avec un nez écrasé (brachycéphales). On peut citer notamment les races de type bouledogue et le Boxer.

Le prognathisme supérieur correspond à l'inverse du prognathisme inférieur : la mâchoire du haut est bien plus longue que celle du bas. Ainsi, les dents de la rangée supérieure sont nettement en avant par rapport à celles de la rangée inférieure. De tels chiens sont qualifiés de « bégus ».

Les races de chien avec un nez allongé (dolicocéphales) sont les plus touchées par le prognathisme supérieur.

Cette forme reste toutefois assez rare - nettement plus que le prognathisme inférieur -, car peu recherchée par les éleveurs et les organismes canins. En fait, ce sont surtout certaines races anciennes comme l'Epagneul de Saint-Usuge qui sont concernées ; les autres peuvent aussi être touchées, mais cela reste exceptionnel.

Quelle que soit sa race, n'importe quel chien peut être atteint de prognathisme. Pour autant, toutes les races ne sont pas à égalité : certaines sont plus touchées que d'autres. C'est le cas notamment du Beagle, du Berger des Pyrénées, du Border Collie, du Boston Terrier, du Bouledogue Anglais, du Bouledogue Français, du Boxer, du Bulmastiff, du Cairn Terrier, du Cane Corso, du Cocker Anglais, du Dogue de Bordeaux, de l'Epagneul de Saint-Usuge, du Lundehund, du Mâtin Transmontano, du Shih Tzu, du Tervueren ainsi que du Yorkshire.

Toutes ces races ne sont toutefois pas prédisposées au même type de prognathisme. Dans l'ensemble, celles avec un nez écrasé sont surtout sujettes au prognathisme inférieur, tandis que celles chez qui il est allongé sont davantage touchés par le prognathisme supérieur.

Dans tous les cas, la malformation est toujours congénitale : un sujet atteint l'est dès la naissance, même si ce n'est pas forcément détecté immédiatement.

Le prognathisme est une malformation congénitale : cela signifie qu'elle est présente dès la naissance. Pour autant, il faut un peu de temps avant qu'elle puisse être détectée sans que le moindre doute soit possible.

En effet, lorsqu'il vient au monde, un chiot n'a pas des mâchoires bien formées - d'ailleurs, il n'a même pas encore de dents. Ce n'est que vers l'âge de 2 mois qu'il a toutes ses dents de lait, et vers 5 à 6 mois qu'il a ses dents définitives. Ses mâchoires continuent ensuite de se développer encore un peu, jusqu'à ce qu'il atteigne l'âge adulte - ce qui se produit entre 8 et 24 mois selon les races.

De fait, le prognathisme peut souvent être soupçonné dès le 2ème ou 3ème mois, puis confirmé dès le 6ème mois, une fois que les dents définitives sont en place. Tout dépend toutefois de sa sévérité et de la race en question.

Qu'il soit inférieur ou supérieur, le prognathisme a généralement peu d'impact sur la santé du chien qui en est atteint - en tout cas tant qu'il est léger. En effet, une mâchoire de longueur anormale est rarement de nature à gêner l'ouverture ou la fermeture de la gueule. Il s'agit avant tout d'un problème d'ordre esthétique.

Toutefois, du fait de leur mauvais positionnement, certaines dents s'enfoncent parfois dans les muqueuses de la gueule au lieu de bien s'emboîter les unes dans les autres. Le cas échéant, il en résulte des douleurs, une gêne à la fermeture de la gueule, des saignements - voire dans les cas extrêmes, un mauvais développement d'une des mâchoires pendant la croissance du chiot. Ce sont surtout les canines qui sont susceptibles d'être concernées, car elles sont particulièrement longues chez le meilleur ami de l'Homme.

De plus, le prognathisme rend dans tous les cas le brossage des dents moins efficace, et augmente donc les chances de développer des caries et du tartre - avec le risque de gingivite voire de parodontite que cela implique.

Des mâchoires mal positionnées l'une par rapport à l'autre peuvent aussi rendre la mastication plus difficile. Le cas échéant, il en résulte un risque accru que l'animal s'étouffe avec la nourriture, ou simplement souffre de troubles digestifs : ballonnements, régurgitations...

Enfin, un prognathisme inférieur sévère va souvent de pair avec une déformation importante du crâne, qui entraîne divers problèmes de santé tels que des difficultés respiratoires, une intolérance à l'effort et une sensibilité accrue à la chaleur. C'est ce que l'on appelle le syndrome brachycéphale.

Le prognathisme fait partie des anomalies génétiques qui sont considérées comme une tare par beaucoup d'organismes canins, et peuvent justifier la non-confirmation d'un chien de race - c'est-à-dire le refus de le considérer comme tel. Mais il est dans le même temps apprécié et recherché chez certaines races, tant par les adoptants que les organismes canins.

Chez la plupart des races pouvant être prognathes, cette malformation est considérée comme une tare génétique et est donc indésirable. Concrètement, cela signifie qu'un chien prognathe ne peut être reconnu comme appartenant à la race en question.

Cette mesure vise à dissuader la reproduction de chiens prognathes, de façon à ne pas propager la malformation au sein de la race. En effet, même si elle est le plus souvent sans conséquence sur la santé, elle peut entraîner différents problèmes au niveau de la gueule, en particulier pendant la croissance.

Il existe toutefois des cas où un prognathisme léger n'est pas considéré comme une tare, et est au contraire recherché.

Le prognathisme est une caractéristique intrinsèque de certaines races. Cela signifie que leurs représentants peuvent avoir un léger prognathisme sans que cela ne les empêche d'être reconnus par les organismes cynologiques de référence, et même de décrocher des prix lors des expositions canines, les concours de beauté pour chiens.

Pour ne citer que la FCI (Fédération Cynologique Internationale), elle autorise chez le Boston Terrier, le Bouledogue Anglais, le Bouledogue Français, le Boxer, le Bulmastiff, le Dogue de Bordeaux, le Lundehund et le Shih Tzu un léger prognathisme, suffisant pour que le museau soit carré mais pas assez pour que les dents ressortent de la gueule. C'est d'ailleurs cette particularité qui leur confère un air souriant quand ils ouvrent la gueule, ce qui est fort apprécié par de nombreux amoureux de la gent canine.

La position de la FCI est loin d'être anodine, puisqu'une centaine d'institutions nationales en sont membres et reprennent donc à leur compte les standards qu'elle édicte. C'est le cas notamment de l'organisme officiel de la France (la Société Centrale Canine, ou SCC), de celui de la Belgique (la Société Royale Saint-Hubert, ou SRSH) ainsi que de celui de la Suisse (la Société Cynologique Suisse, ou SCS).

Ce qui était une malformation au départ est donc devenu une caractéristique à part entière de ces races, reconnue comme telle par les différents acteurs. Toutefois, le prognathisme ne doit alors pas être trop marqué, pour éviter les problèmes de santé pouvant être causés par une mâchoire anormalement longue : douleurs, mauvais positionnement des dents...

Même s'il entraîne un échec lors de l'examen de confirmation d'un chien, ce qui l'empêche d'obtenir un pedigree définitif et d'être considéré comme étant de pure race, le prognathisme n'est pas considéré comme un vice rédhibitoire. Cela signifie que si on adopte un animal qui s'avère avoir ce problème, on ne peut prétendre à un remboursement même partiel de la somme qui a été déboursée pour son acquisition.

Le seul cas de figure dans lequel cela serait possible est si le contrat de vente du chien contient une clause dédiée à la question du prognathisme. Or, c'est rarement le cas. 

Du reste, il y a peu de chances qu'un éleveur accepte d'inclure une telle clause. En effet, même le plus sérieux et honnête des éleveurs ne peut garantir que ses chiots ne seront pas atteints par cette malformation, puisqu'il n'existe aucun test génétique permettant de la détecter et d'éviter de faire se reproduire des individus porteurs de la mutation génétique associée. Certes, un examen vétérinaire peut détecter les premiers signes de prognathisme dès 2 ou 3 mois, mais c'est encore trop tôt pour savoir ce qu'il en sera réellement une fois que le chiot aura sa dentition définitive.

Il n'existe pas de moyen de corriger le prognathisme : lorsqu'un chien est prognathe, il le reste jusqu'à la fin de sa vie.

En effet, seule une opération lourde de reconstruction de la mâchoire pourrait permettre de résoudre le problème. Toutefois, elle n'est presque jamais envisagée, car les bénéfices seraient généralement trop faibles par rapport aux risques inhérents à cette intervention ainsi qu'à son coût.

Les appareils dentaires pour chien ne sont pas non plus d'une grande utilité dans ce cas de figure : ils peuvent servir à redresser certaines dents qui seraient mal positionnées, mais ne permettent pas d'obtenir des mâchoires de longueur à peu près équivalente.

La seule chose qu'il est envisageable de faire est de retirer éventuellement une ou plusieurs dents problématiques pour la fermeture de la gueule et le développement des mâchoires. Cette opération ne permet pas de résoudre le prognathisme, mais limite certains de ses inconvénients.

Le prognathisme n'est pas forcément un problème, dès lors qu'il est léger et ne gêne ni la fermeture de la gueule, ni la bonne croissance des mâchoires. Les deux seuls inconvénients sont alors l'aspect esthétique lié à la position des dents ainsi que le refus de confirmation - sauf si le chien appartient à une des races chez lesquelles le prognathisme n'est pas considéré comme un défaut.

En revanche, un prognathisme sévère nécessite un suivi par le vétérinaire au moins pendant la croissance de l'animal, afin de s'assurer qu'il n'y a pas de risque pour la santé. Au besoin, le professionnel peut proposer de retirer certaines dents problématiques pour la fermeture de la gueule et le bon développement des mâchoires - généralement une ou plusieurs canines. L'opération se fait sous anesthésie générale : elle n'est ni très longue, ni très compliquée, mais peut tout de même coûter facilement une centaine d'euros voire davantage. Or, elle n'est pas toujours prise en charge par l'assurances santé du chien, quand bien même on a pris soin d'en souscrire une.

En parallèle, si les dents sont vraiment mal emboîtées, il est préférable d'opter pour un brossage de dents et un détartrage plus fréquents que la normale, pour prévenir les maladies dentaires. Dans le cas général, un brossage hebdomadaire et un détartrage biannuel ou trisannuel sont suffisants ; pour un chien prognathe, mieux vaut opter pour un brossage des dents plusieurs fois par semaine (voire tous les jours si c'est possible) et un détartrage annuel.

Enfin, si l'animal a du mal à mâcher, il faut choisir des aliments demandant peu d'efforts de mastication. Les croquettes, la viande crue, les os et autres aliments difficiles à mâcher doivent donc être évités : faute d'une mastication suffisante, ils risqueraient d'entraîner des problèmes digestifs et/ou un étouffement. Mieux vaut privilégier par exemple des pâtées.