Très toxique
Couramment utilisé dans les maisons comme décoration pour les fêtes de fin d'année - au même titre que le houx -, le gui est une petite plante originaire des régions tempérées d'Europe, même si des espèces proches se trouvent dans d'autres régions du monde - notamment en Australie. Son nom scientifique est Viscum album ; on l'appelle parfois aussi « gui blanc » en raison de ses petits fruits blancs, ou « gui des feuillus » car il pousse surtout sur des feuillus et peu sur des conifères.
La particularité la plus remarquable du gui est en effet qu'il s'agit d'une plante parasite, qui pousse directement sur d'autres arbres et se nourrit de leur sève. Il ne possède pas de racines, mais des sortes de suçoirs qui lui permettent de prélever les éléments dont il a besoin directement depuis la branche où il s'accroche. Il forme alors des sortes de grosses boules vertes sur les arbres. Plus d'une centaine d'espèces d'arbres peuvent ainsi être parasitées par le gui.
En dehors de cet aspect, le gui se reconnaît à ses petites feuilles vertes perchées au bout de longues tiges, et surtout à ses petits fruits ronds et blancs qui arrivent à maturation à l'automne ou en hiver. Une fois cueilli, il se conserve facilement pendant des semaines : c'est ce qui en fait une décoration très appréciée pour les fêtes de fin d'année.
Il faut toutefois savoir que le gui - et plus particulièrement ses fruits - sont très toxiques pour l'humain et beaucoup d'autres animaux, notamment le chien.
Comme beaucoup de plantes, le gui est toxique pour un certain nombre d'animaux, en particulier le chien.
Il doit sa toxicité à plusieurs substances telles que la viscine, la viscotoxine, la choline ou encore des saponines. Ces substances ont différents effets toxiques sur l'organisme, en particulier sur la tension artérielle, la quantité d'urine émise et le tube digestif. Elles peuvent aussi détériorer la peau en cas de contact cutané.
Tout le gui est toxique (les feuilles, les rameaux...), mais les fruits sont les principaux responsables d'intoxication. En effet, non seulement ils contiennent davantage de toxines, mais en plus ils ont plus de chances d'être mangés par un chien un peu trop gourmand lorsqu'ils finissent par tomber de l'arbre une fois mûrs. Ils peuvent aussi se détacher des branches de gui utilisées en guise de décoration pour les fêtes de fin d'année, et se retrouver à la portée des animaux de compagnie.
Bien que le gui soit considéré comme très toxique, la dose à partir de laquelle un chien commence à ressentir des symptômes n'est pas connue avec précision. Il en va de même pour ce qui est de la dose létale, c'est-à-dire la quantité à partir de laquelle il a des chances d'en mourir.
La toxicité chez l'humain est en revanche un peu mieux connue : à titre d'exemple, 2 ou 3 baies sont susceptibles de causer des symptômes chez un enfant, et une quinzaine de baies peuvent empoisonner gravement voire tuer une personne adulte. Ces quelques chiffres donnent une idée de la dangerosité de cette jolie plante décorative d'apparence inoffensive...
Il faut toutefois savoir que la toxicité du gui dépend de l'arbre-hôte sur lequel il pousse, ainsi que de la saison. De fait, sa teneur en toxines n'est pas la même selon qu'il se trouve sur un peuplier, sur un pommier ou sur un conifère. C'est ce que montre notamment l'étude intitulée « Impact of Harvest Conditions and Host Tree Species on Chemical Composition and Antioxidant Activity of Extracts from Viscum album L. » et publiée en dans la revue Molecules : elle analyse la composition chimique et les propriétés du gui en fonction de l'arbre sur lequel il pousse et même du moment de la récolte.
Lorsqu'un chien mange du gui et s'intoxique avec, les premiers symptômes apparaissent généralement dans les heures qui suivent. Il faut en effet un certain temps pour que les toxines commencent à produire leurs effets néfastes sur l'organisme.
Comme souvent, ce sont les symptômes digestifs qui se manifestent en premier : une hypersalivation, des vomissements, des douleurs abdominales, une diarrhée pouvant contenir du sang ou encore une envie irrépressible d'aller à la selle sont quelques-uns des troubles digestifs les plus fréquents à la suite d'une consommation de gui. Ils résultent de l'action des toxines sur les muqueuses de l'appareil digestif.
Dans un deuxième temps, d'autres types de symptômes apparaissent, à la place de ces derniers ou en complément. On constate par exemple une urine plus abondante entraînant une augmentation de la soif, une perte de l'équilibre, une difficulté à se déplacer, une dilatation du diamètre des pupilles, des tremblements voire des convulsions...
Enfin, lorsque l'intoxication est grave, des symptômes cardiovasculaires apparaissent, en général dans les 24 à 48 heures après l'ingestion. Les plus fréquents sont une irrégularité du rythme cardiaque ainsi qu'une hypotension entraînant un état de faiblesse générale et des difficultés respiratoires. À ce stade, le décès peut survenir à tout moment par crise cardiaque.
Si jamais un chien mange du gui - notamment les baies -, il ne faut pas perdre de temps pour réagir, car l'intoxication peut être grave et conduire à un décès. Mieux vaut donc contacter un vétérinaire ou éventuellement un centre antipoison pour animaux sans perdre une minute.
Comme souvent, la première chose à faire est d'éliminer le plus possible les substances toxiques avalées, pour limiter l'intoxication. Pour cela, trois possibilités existent : faire vomir le chien si l'ingestion est récente (en général moins de 2 heures), lui faire manger du charbon actif si l'ingestion date de quelques heures, ou encore faire faire un lavage gastrique si la plante est très toxique. C'est le vétérinaire qui choisit la meilleure option en fonction des cas.
Cette première étape ne suffit toutefois pas à cesser l'intoxication : elle permet uniquement d'éviter que celle-ci s'aggrave. Par conséquent, si jamais le chien a mangé beaucoup de baies, divers traitements sont alors nécessaires pour soulager les symptômes présents. Il peut s'agir notamment d'anti-vomitifs s'il continue à vomir, un pansement digestif pour soulager la diarrhée, des anti-convulsifs en cas de convulsions, ou encore des analeptiques cardiaques et/ou respiratoires s'il souffre des problèmes cardiorespiratoires.
Globalement, le pronostic est bon si la prise en charge est rapide, et mauvais si des troubles cardiaques apparaissent.