L'histoire du Golden Retriever

La genèse du Golden Retriever

L’histoire du Golden Retriever débute au 19ème siècle en Angleterre avec Dudley Coutts Marjoribanks (1820-1894), le second fils d’un banquier écossais prospère, qui se passionna dès l’adolescence pour l’élevage des chiens. A cette époque, cette pratique était considérée comme un passe-temps réservé à des personnes aisées et socialement en vue.

 

Héritant d’une fortune substantielle de son père, Marjoribanks investit dans plusieurs entreprises qui contribuèrent à l’enrichir et à faire de lui un homme respecté dans la haute société anglaise. Bien que sa résidence principale fût à Londres, il acheta également un imposant manoir dans la campagne écossaise. Nommée Guisachan, cette propriété de quinze chambres était entourée d’une forêt et d’un vaste terrain pour la chasse au cerf. Après avoir été fait baron en 1881, Marjoribanks, qui devint Lord Tweedmouth, fut membre à part entière de l’aristocratie britannique : cela renforça sa légitimité pour développer un élevage canin.

 

Lors d’un voyage avec son fils à Brighton en 1865, il acheta un chien au pelage ondulé et doré, répondant au nom de Nous et dont les parents avaient le poil noir. A cette époque, cette nuance sombre était la seule acceptée dans les portées de la noblesse : quelle que soit la race ou le type de chien, les chiots d’autres teintes étaient écartés. C’est donc auprès d’un roturier que Marjoribanks fit l’acquisition de Nous. Trois ans après, il le fit s’accoupler avec une femelle du nom de Belle, une Tweed Water Spaniel. Aujourd’hui disparue, cette race avait une apparence proche de celle de l'Irish Water Spaniel, et ses représentants étaient de couleur foie. Avec cette reproduction, l’objectif de Marjoribanks était de créer un chien de chasse robuste, capable de prouesses tant sur terre que dans l’eau, et apte à s’attaquer aussi bien à du petit gibier (oiseau sauvage, lièvre…) qu’à un cervidé.

 

De cette union naquirent en 1868 des premiers chiots dorés : on considère qu’il s’agit là de la première portée de la race. Les chiots obtenus – ainsi que les suivants - ne furent pas dispersés et cédés au tout-venant. En effet, Marjoribanks préférait les offrir en toute discrétion à des membres de sa famille et à des amis proches, considérant ces chiens comme les compagnons de chasse idéaux du parfait gentleman. De 1868 à 1889, Marjoribanks effectua divers accouplements de ses chiens dorés avec des Setters roux et des retrievers de différentes couleurs, prenant soin de consigner à chaque fois ses travaux dans un livre d’élevage. Il y écrivit ses dernières remarques en 1890.

 

A sa mort, son fils Edward (1849-1909) poursuivit l’élevage de chiens au pelage doré, jusqu’à la vente de la propriété de Guisachan en 1905 à un certain Lord Portsmouth. Ce dernier l’utilisa comme simple lieu de villégiature, sans perpétuer le travail d’élevage.

 

Cela n'empêcha pas la race de continue à se développer, car d’autres personnes avaient pris le relais.  Les chiens dorés furent exposés au grand public pour la première fois en 1908 à l’occasion d’une exposition canine organisée par le Kennel Club (KC), l’organisme cynologique de référence de Grande-Bretagne. Cinq ans plus tard, en 1913, il les reconnut officiellement comme une race à part entière, sous la dénomination de Flat Coat (« cheveux plats ») ou Golden (« doré »). En 1920, celle-ci se vit octroyer le nom qui est encore le sien de nos jours : Golden Retriever.

La diffusion du Golden Retriever dans son pays d'origine

Suite à la première présentation de chiens dorés au grand public en 1908, de nombreuses personnes voulurent en posséder. Parmi elles, une passionnée du nom de Winifred Charlesworth acquit son premier spécimen en 1910 et joua un rôle important dans leur promotion. Elle fut en effet une des fondatrices et la première présidente du Golden Retriever Club, créé en 1911 et premier club de race à leur être consacré. Elle fit en outre campagne auprès du Kennel Club pour que celui-ci reconnaisse la race, ce qui finit par arriver en 1913.

 

Même s’il ne s’appelait alors pas encore ainsi, le Golden vit de ce fait s’ouvrir les portes des expositions canines, ces concours de beauté réservés aux chiens de race. Plusieurs de ses représentants ne tardèrent d’ailleurs pas à se distinguer dans ces évènements.

 

Comme celui de la plupart des autres races, le développement du Golden Retriever fut perturbé par la Première Guerre Mondiale. Néanmoins, il sut générer suffisamment d’engouement pour que sa diffusion reprenne de plus belle une fois les hostilités terminées, tant au Royaume-Uni qu’à l’étranger.

La diffusion internationale du Golden Retriever

C’est à Archie, le plus jeune fils de Marjoribanks, que l’on doit la diffusion initiale du Golden Retriever aux États-Unis. Il emmena en effet en 1882 deux chiens dorés au Rocking Chair Ranch, le domaine que la famille possédait au Texas : un mâle du nom de Sol et une femelle du nom de Lady.

 

Il organisa alors des accouplements entre chiens dorés et setter rouges, ce qui expliquerait la nuance plus foncée du pelage chez les Golden dits américains. Les individus issus de ces reproductions successives constituaient une population suffisamment harmonisée pour que l’American Kennel Club (AKC) reconnaisse la race en 1925. L’autre organisme de référence du pays, le United Kennel Club (UKC), attendit quant à lui 1956 pour en faire de même.

 

Si Sol mourut au Texas, il n’en fut pas de même pour Lady, qui accompagna Archie au Canada en 1883. Ce dernier s’installa à Coldstream Ranch chez son beau-frère, le gouverneur Lord Aberdeen, et y développa là aussi la race grâce à des reproductions avec des chiens locaux – en l’occurrence, des retrievers. Il finit par rentrer en Angleterre avec Lady en 1895, mais son travail permit au Golden Retriever de prendre pied au Canada. Ce dernier fut d’ailleurs reconnu par le Club Canin Canadien (CKC) en 1927.

 

En France, le Golden fut introduit dans les années 20 par le comte Jean de Bonvouloir, et fut présenté pour la première fois au public lors d’une exposition canine organisée à Paris en 1925. Quelques années plus tard, en 1929, la race fut reconnue à part entière : ses représentants commencèrent ainsi à être inscrits au Livre des Origines Français (LOF).

 

Quant à la Fédération Cynologique Internationale (FCI), elle reconnut officiellement le Golden Retriever en 1954. C’est un tournant important, car une centaine d’organismes nationaux en sont membres – dont ceux de la France (la Société Centrale Canine, ou SCC), la Belgique (la Société Royale Saint-Hubert, ou SRSH) et la Suisse (la Société Cynologique Suisse, ou SCS). Dès lors que la FCI reconnaît une race, ils sont davantage enclins à le faire eux aussi – s’ils ne la reconnaissaient pas déjà.