L'histoire du Cairn Terrier

Le nom du Cairn Terrier repose sur le mot gaëlique « cairn », qui désigne les empilements de pierres qui servaient de points de repère ou de mémoriaux dans les Highlands, la région écossaise donc il est originaire. Ces empilements constituaient souvent des cachettes pour les nuisibles qu’il chassait.

La genèse du Cairn Terrier

Le Cairn Terrier descend de petits terriers à poil dur qui vivaient dans les hautes terres écossaises, en particulier sur l'île de Skye, où ils débarrassaient les fermiers des rats et autres vermines, tout en étant utilisés également pour chasser les renards, les loutres et les blaireaux. Au 18ème siècle, ils étaient souvent appelés « terriers à poils courts » ou « petits terriers Skye ».

 

Leur apparition résulte probablement de croisements entre des bassets importés par les Vikings au 9ème siècle et des terriers natifs de l’ouest des Highlands, les terres les plus au nord du territoire écossais. Ils se seraient d’abord développés dans cette région, et auraient atteint quelques siècles plus tard l’île de Skye, située au large des côtes. C’est là que l’isolement insulaire permit petit à petit l’apparition des sujets les plus purs.

La diffusion du Cairn Terrier dans son pays d'origine

On attribue au capitaine Martin MacLeod de Drynock (1794-1863) la paternité de l’une des plus anciennes lignées de Cairn Terrier. Cet Écossais originaire des Highlands était un passionné de chasse à la loutre. Dans ce but, il éleva au cours de la première moitié du 19ème siècle une meute de Skye Terriers à poil court gris-argenté et émigra avec elle au Canada en 1845. Il contribua donc également à la diffusion de la race dans ce pays.

 

La lignée dite Drynock fut perénisée en Écosse grâce à John MacDonald, garde-chasse pour le clan MacLeod. Basée à Kilbride, sur l’île d’Arran, la famille Mackinnons opérait l’autre principal élevage d’Écosse, avec des individus crème, roux et bringés sombres. Ses chiens descendaient de ceux élevés au 17ème siècle sur l’île de Skye par Farquhar Kelly de Drumfearn.

 

Ces deux lignées contribuèrent fortement à forger le Cairn Terrier. Toutefois, pendant longtemps, tous les terriers d’Écosse étaient appelés Scotch Terriers, sans distinction de race.  À partir de 1873 et de la création du Kennel Club, qui est aujourd’hui encore l’organisme cynophile de référence du pays, une distinction fut établie entre d’un côté le Skye Terrier, et de l’autre le Dandie Dinmont Terrier. À partir de 1881, on commença également à faire la différence entre d’un côté les Skye Terriers aux poils longs et souples, et de l’autre les terriers à poil dur et court. Ces derniers furent eux-mêmes répartis en trois races : le Scottish Terrier (qui fut reconnu dès 1882), le West Highland White Terrier (reconnu en 1907), et donc le Cairn Terrier.

 

La reconnaissance de ce dernier dut beaucoup à Alastair Campbell (1871-1946), fondatrice de l’élevage Brocaire qui donna naissance à une lignée de champions. À la suite de nombreux voyages sur l’île de Skye, elle milita pour la reconnaissance du Cairn Terrier par le Kennel Club et le milieu canin en général.

 

L’année 1909 marqua un tournant en la matière. C’est en effet cette année-là que, lors d’une exposition canine organisée par le Kennel Club à Inverness, ses chiens furent enregistrés par l’organisme comme des Skye Terriers, et présentés comme des Skye Terriers à poils courts ou Skye Terriers à oreilles dressées. Cela créa une controverse avec le club de race officiel du Skye Terrier, qui n’appréciait pas du tout la concurrence de ces chiens. En 1910, après une période de flottement quant à la dénomination de la race, le Cairn Terrier obtint finalement la reconnaissance officielle du Kennel Club, et par là-même un standard bien à lui. Il fut ainsi autorisé à partir de 1912 à prendre part aux expositions canines organisées sous l’égide de l’organisme. C’est un chien appartenant à Alastair Campbell nommé Gesto qui fut le premier à être récompensé.

 

Dès les décennies qui suivirent, la race se diffusa dans tout le reste du Royaume-Uni, comme en témoigna la création de plusieurs clubs de race dans les différentes parties du pays et en Irlande du Nord.

La diffusion internationale du Cairn Terrier

Le Cairn Terrier fut introduit aux États-Unis en 1913 par mesdames Henry F. Price et Byron Rodgers. L’une des principales organisations cynologiques du pays, l’AKC, lui octroya sa reconnaissance dès cette même année.

 

Au Canada, où les premiers spécimens avaient posé la patte en 1845 lorsque Martin Mac Leod émigra dans le pays, un standard fut établi en 1922, mais la race ne connut son essor qu’aux alentours des années 50. Cette époque fut en effet marquée par la fondation du Cairn Terrier Club of Canada en 1952 et l’importation en provenance de Grande-Bretagne de Redletter McRuffie par Betty Hyslop, fondatrice de l’élevage Cairndania. Ce chien était un descendant de Pslinter of Twobees, l’un des Cairn Terriers les plus célèbres de l’histoire pour avoir été sacré huit fois champion dans son pays et avoir engendré de nombreux descendants prestigieux.
 

Deux descendants de Redletter McRuffie, Cairnwoods Quince et Cairmar Fancy Dancer, jouèrent ensuite un rôle décisif dans le développement de la race aux États-Unis. D’ailleurs, il est aujourd’hui rare de trouver en Amérique du Nord un Cairn Terrier dont les origines ne remontent pas à l’un de ces trois individus.

 

En France, des premiers sujets firent leur arrivée dans les années 20-30, importés par des aristocrates. Cependant, la race ne prit réellement son essor qu’après 1963 : cette année fut celle de sa reconnaissance officielle par la Fédération Cynologique Internationale (FCI), qui chapeaute notamment les organismes nationaux de la France, de la Belgique et de la Suisse.

 

Toutefois, contrairement aux éleveurs de Scottish Terrier ou de West Highland White Terriers qui suivaient l’évolution de leur race en important souvent à prix d’or des reproducteurs de qualité, les éleveurs de Cairn Terrier français travaillèrent en circuit fermé jusqu’aux années 80. À ce moment-là, leurs lignées avaient fini par diverger des britanniques, notamment en étant de plus petite taille. Un nouveau standard établi par le Kennel Club et repris par les autres organismes les poussa alors à corriger cette dérive, si bien qu’aujourd’hui la population de la race est davantage harmonisée d’un pays à l’autre. Ce standard maintient le Cairn Terrier plus proche du chien de travail rustique qu’il a toujours été que du chien de salon vers lequel tendaient les éleveurs français.

 

La race est aujourd’hui présente un peu partout dans le monde et reconnue par la totalité des principaux organismes canins nationaux du monde entier, y compris sous des latitudes très éloignées de son Écosse natale (par exemple en Australie ou en Afrique du Sud). On trouve d’ailleurs des clubs qui lui sont consacrés aussi bien en Europe (Allemagne, Danemark, Finlande, Pays-Bas, Suède…) qu’au Canada ou encore en Australie.