L'été offre souvent diverses occasions de profiter de belles journées ensoleillées avec son animal de compagnie. Après tout, qui dit été dit bien souvent soleil, plage, activités en extérieur... et parfois aussi coup de chaleur.
Il faut en effet être conscient du fait qu'un chien a plus de mal qu'un humain à supporter les températures parfois élevées, et qu'il peut vite se sentir mal - voire en mourir si l'on ne réagit pas à temps...
Comment reconnaître un coup de chaleur chez un chien ? Dans quels cas peut-il survenir ? Que faire pour réagir correctement et éviter une issue potentiellement fatale ? Existe-t-il un risque de séquelles ?
Le coup de chaleur, aussi appelé « hyperthermie maligne » ou « coup de chaud », est une grave surchauffe de l'organisme à la suite d'une longue exposition à la chaleur ou au soleil, ou d'un effort important dans un environnement chaud et/ou humide.
Certes, l'organisme des animaux à sang chaud comme le chien ou l'Homme dispose de mécanismes permettant de réguler sa température et d'éviter les surchauffes. Néanmoins, s'il fait vraiment trop chaud, ces mécanismes ne sont pas suffisants pour se refroidir. La température corporelle augmente alors dangereusement, jusqu'à mettre en jeu le pronostic vital. C'est ce que l'on appelle le coup de chaleur, ou coup de chaud.
Tous les mammifères peuvent en être victimes, mais tous ne sont pas à égalité face à ce risque. Ainsi, malgré son apparente robustesse, le chien est assez vulnérable à la chaleur, car il n'est pas aussi bien équipé que d'autres espèces (notamment le chat ou l'Homme) pour supporter des températures élevées.
Même si le chien dispose de quelques leviers pour se rafraîchir (à commencer par le halètement), il reste bien plus sensible à la chaleur que l'humain, car il ne peut presque pas transpirer. Or, la transpiration est le moyen naturel le plus efficace pour se rafraîchir.
Les situations dans lesquelles un chien risque le plus un coup de chaleur sont :
Naturellement, lorsque plusieurs de ces facteurs se combinent (par exemple dans un lieu mal ventilé et surpeuplé), le risque de coup de chaleur est d'autant plus élevé.
Cela dit, un des cas les plus fréquents est celui du chien laissé dans une voiture fenêtres fermées. En effet, les vitres amplifient l'intensité des rayons du soleil par effet loupe, et le non-renouvellement de l'air augmente le taux d'humidité, ne permettant pas un halètement efficace. Une étude intitulée « Hyperthermia in Dogs Left in Cars » et publiée dans la revue scientifique VetRecord en 1996 a ainsi montré qu'un chien peut mourir en à peine une demi-heure s'il est laissé enfermé dans une voiture, même s'il ne fait pas plus de 20 ou 25°C à l'extérieur !
Tous les chiens sont susceptibles d'être victimes d'un coup de chaleur, s'ils sont exposés trop longtemps à des températures élevées sans possibilité de se rafraîchir. Néanmoins, ceux qui souffrent de problèmes respiratoires ainsi que ceux qui ont le museau écrasé sont plus à risque que les autres.
Avec leur museau tout aplati, les chiens au nez écrasé (ou brachycéphales) sont bien plus exposés aux coups de chaleur que celles possédant une tête plus allongée.
En effet, à cause de la forme de leur crâne, ils ont des voies aériennes raccourcies et peu performantes, et produisent moins de salive que les autres. Leur halètement est donc assez peu efficace : ils ont plus de mal à se rafraîchir lorsqu'il fait chaud ou lorsqu'ils font un effort, et leur température corporelle augmente donc plus vite.
Parmi les plus sensibles, on peut citer l'Epagneul Japonais ou le Bouledogue Français, qui ont un museau vraiment très écrasé par rapport à celui de leurs congénères.
Les chiens évacuant la chaleur principalement par le biais de leur langue et de leur gueule, leur capacité à supporter des températures élevées dépend grandement de leur système respiratoire.
Ainsi, les problèmes de santé qui affectent les capacités respiratoires (à l'image par exemple de l'asthme ou la pneumonie) diminuent l'efficacité des halètements et augmentent donc le risque de coup de chaleur.
Certaines petites races comme le Chihuahua ou le Poméranien sont par exemple prédisposées au collapsus trachéal, qui correspond à un affaissement progressif de la trachée sur elle-même. Lorsqu'un individu en est atteint, il supporte mal les halètements prolongés, ce qui réduit d'autant sa capacité à se refroidir en cas de besoin : il est donc davantage enclin à être victime d'un coup de chaud.
Le coup de chaleur d'un chien se déroule en trois étapes successives, avec des symptômes différents pour chacune. Lorsque la dernière est atteinte, le pronostic vital de l'animal est engagé - et même si le décès ne survient pas, le risque de séquelles est très élevé.
Toutes ces étapes peuvent s'enchaîner très vite, en quelques minutes à peine. Il est donc impératif d'agir sans attendre dès les premiers signes.
Les premiers symptômes d'un coup de chaleur sont globalement les mêmes que ceux que l'on observe chez un chien qui a trop chaud.
On constate notamment :
En parallèle, l'animal erre à la recherche d'eau et/ou d'un endroit frais où s'abriter, afin de faire baisser sa température interne et évacuer sa chaleur corporelle.
S'il ne parvient pas à se refroidir suffisamment après l'apparition des premiers symptômes, le chien voit son état s'aggraver brusquement, parfois en seulement quelques minutes.
En effet, ses halètements soutenus et sa respiration accélérée provoquent non seulement une fatigue importante du coeur, mais aussi une déshydratation très rapide.
Les muqueuses deviennent sèches et congestionnées ; elles se teintent de taches couleur rouge sombre, qui sont la conséquence de troubles de la coagulation. Des diarrhées et vomissements apparaissent, qui aggravent encore la déshydratation. En parallèle, la fatigue cardiaque entraîne une hypotension (chute de la tension), qui limite mécaniquement les déperditions de chaleur, et aggrave donc le coup de chaud - un véritable cercle vicieux...
Si rien n'est fait pour arrêter le processus, le coup de chaleur finit par causer des atteintes à divers organes, notamment le cerveau. Le chien est alors en grand danger, et peut rapidement mourir.
Des symptômes critiques comme des tremblements et des convulsions ne tardent pas à apparaître, révélateurs d'atteintes neurologiques. Au bout de quelques minutes, l'animal finit par plonger dans le coma, puis par décéder à la suite d'un arrêt cardio-respiratoire...
Du reste, même s'il est sauvé grâce à une intervention humaine, il a de fortes chances de conserver des séquelles neurologiques à vie.
Dès lors que le coup de chaleur a atteint un stade avancé, le risque de séquelles est important - si tant est bien sûr le chien survive. En effet, une température corporelle anormalement élevée est susceptible d'entraîner une détérioration potentiellement irréversible de certains organes : cerveau, coeur, reins...
Les séquelles dépendent des organes et tissus qui ont été atteints pendant le coup de chaleur. Par exemple, lorsque le système nerveux est touché, il est courant de constater des tremblements, une désorientation, des difficultés à se déplacer même après la guérison. Si le coeur est endommagé, il en résulte potentiellement une intolérance à l'effort. Quant aux reins, ils peuvent être dégradés au point qu'apparaisse une insuffisance rénale.
Dans certains cas, le vétérinaire tente de mettre en place un traitement pour réduire les séquelles et aider le chien à reprendre une vie aussi normale que possible. Toutefois, si les dégâts sont trop importants, l'euthanasie peut être nécessaire afin de lui éviter des souffrances inutiles...
Le coup de chaleur étant une urgence vitale pour un chien, il faut agir immédiatement dès l'apparition des premiers symptômes, car la mort peut survenir en quelques minutes seulement.
La première chose à faire pour un chien manifestement victime d'un coup de chaleur est de l'aider à se rafraîchir. Il convient pour cela de mouiller son pelage et de l'installer dans un endroit frais, ombragé et bien ventilé (pièce plus froide et/ou bénéficiant d'un courant d'air ou de la présence d'un ventilateur...).
C'est la méthode la plus efficace pour stabiliser au plus vite son état et éviter la catastrophe. En effet, l'eau en s'évaporant de son pelage emporte avec elle un peu de chaleur corporelle, ce qui favorise donc son refroidissement - un peu comme le fait la transpiration chez l'humain.
Dans un deuxième temps, une fois que le chien semble s'être un peu rafraîchi, il faut le passer sous l'eau - voire le plonger dans une baignoire pleine - pour faire en sorte que sa température continue à redescendre. En effet, même si sa situation s'est un peu améliorée, sa santé est toujours menacée, car le coup de chaleur n'est pas encore terminé.
Il convient toutefois d'utiliser de l'eau tiède, et non froide. En effet, une eau trop froide risquerait de provoquer une constriction des vaisseaux sanguins de la peau, et donc de diminuer l'efficacité du processus naturel de refroidissement. Même s'il est moins élevé que chez un humain, il existe aussi un risque d'hydrocution en cas d'exposition brutale à une eau beaucoup plus froide que le corps.
Une fois que son pelage a été convenablement passé sous l'eau tiède, le chien doit être allongé sur le sol, puis recouvert d'une serviette humide que l'on place sur son corps pour favoriser l'évacuation de la chaleur.
Des glaçons peuvent éventuellement être placés au niveau de sa gorge, ses aisselles et à l'intérieur de ses cuisses pour accélérer la baisse de température. Toutefois, il ne faut pas les appliquer à l'ensemble de son corps : cela risquerait de conduire à l'effet inverse de celui recherché, et donc d'empêcher de traiter correctement le coup de chaleur.
Lorsqu'on remarque qu'un chien semble victime d'un coup de chaud, il faut mettre de l'eau fraîche à sa disposition immédiate, de sorte qu'il puisse boire sans avoir à se déplacer.
Il n'est en revanche pas recommandé de le forcer à se désaltérer : cela pourrait engendrer une fausse route, c'est-à-dire une descente d'eau dans ses poumons. Ce ne serait évidemment pas une bonne chose, et ne pourrait qu'aggraver la situation...
Mieux vaut donc simplement placer la gamelle d'eau à côté de lui et le laisser décider de la suite. À la limite, il est possible de mouiller sa langue et/ou ses gencives avec de l'eau s'il se laisse faire, mais cela ne doit pas aller plus loin que cela.
Au bout de quelques dizaines de minutes, la température corporelle du chien est normalement redescendue en dessous de 39,5°C. Sa santé n'est alors plus menacée dans l'immédiat.
Il ne faut toutefois pas perdre de vue que son état reste fragile. La bonne conduite à avoir est de contacter un vétérinaire le plus vite possible, et si celui-ci est disponible, lui emmener très vite l'animal afin qu'il endigue les éventuels dommages causés par le coup de chaleur : problèmes cardiaques, insuffisance rénale, troubles neurologiques...
Cette étape est essentielle même si en apparence l'intéressé semble aller bien, car certains dysfonctionnements internes potentiellement fatals ne sont pas forcément visibles immédiatement.
Pour limiter le risque d'éventuelles complications à court et long terme, une hospitalisation et une mise sous perfusion sont souvent nécessaires. Les différents soins prodigués sont généralement pris en charge par l'assurance santé du chien, si l'on a pris soin d'en souscrire une.
Un chien victime d'un coup de chaleur court un risque élevé de décéder, quand bien même il est par ailleurs en bonne santé. En effet, son état se dégrade alors très vite. Du reste, même s'il survit, il est possible qu'il conserve des séquelles à vie : troubles neurologiques, cardiaques, rénaux...
Par conséquent, être capable de réagir en cas de coup de chaleur est une bonne chose, mais savoir comment minimiser la probabilité que la situation se présente est encore plus important.
Un chien doit toujours avoir de l'eau propre et fraîche à sa disposition, pour pouvoir s'hydrater autant qu'il le souhaite.
Cela vaut quels que soient sa race, son âge, son sexe, son niveau d'activité, la météo du jour..., mais c'est évidemment encore plus crucial lorsque le risque de coup de chaleur est élevé - donc en cas d'effort important, ou simplement lorsqu'il fait très chaud et/ou humide.
Cette précaution est essentielle, car un chien déshydraté ne peut pas haleter efficacement, et n'est donc pas en mesure de se refroidir convenablement. Il faut donc y veiller en toutes circonstances, à la fois quand on est à la maison et lors des promenades, des sorties et activités en tout genre (sport, chasse...), des déplacements en voiture ou avec n'importe quel autre moyen de transport, etc.
De manière générale, dans les moments à risque, il faut limiter l'exposition du chien à la chaleur.
Ce dernier doit donc en permanence avoir la possibilité de s'abriter dans un endroit frais, ombragé et bien aéré dès qu'il en ressent le besoin : hors de question par exemple de le laisser attaché sur le balcon en pleine canicule... S'il n'a pas de lieu où s'abriter au dehors, mieux vaut le garder en intérieur, le temps que les températures redescendent.
Il faut aussi éviter de promener son chien pendant les heures les plus chaudes. Pendant l'été, les horaires de promenade doivent donc être modifiés afin de privilégier le début ou la toute fin de journée, lorsque les températures sont plus agréables. Il en va évidemment de même pour toutes les activités physiques de façon générale : séances de jeux, sports canins...
Lorsqu'on possède un chien sensible à la chaleur ou lorsqu'on se retrouve dans une situation à risque, il est utile de l'équiper d'un manteau rafraîchissant.
Spécialement conçu pour la gent canine, un tel vêtement nécessite d'être trempé avant de l'enfiler à l'intéressé. En s'évaporant sous l'effet de la température, l'eau du manteau emporte avec elle un peu de la chaleur corporelle de ce dernier, ce qui contribue à le rafraîchir. Cela revient en quelque sorte à mettre en place un phénomène de transpiration artificielle.
Selon sa conception, un manteau rafraîchissant pour chien a une autonomie de plusieurs heures voire plusieurs jours.
Laisser un chien dans une voiture en stationnement implique un risque élevé de coup de chaud, car la chaleur et l'humidité s'accumulent très rapidement dans l'habitacle. Il faut donc éviter autant que possible de le faire.
Lorsque c'est inévitable, la voiture doit impérativement être placée dans une zone ombragée (en tenant compte si la durée l'exige du fait que le soleil se déplace au cours de la journée, et donc l'ombre avec) et les vitres laissées ouvertes. L'animal doit avoir une gamelle d'eau fraîche à sa disposition, et un linge humide peut être placé sur son corps.
Dans tous les cas, mieux vaut éviter de laisser un chien dans une voiture à l'arrêt plus d'un quart d'heure, car un coup de chaleur peut survenir en très peu de temps...
Les précautions précédemment évoquées sont valables pour tous les chiens sans exception, mais des mesures supplémentaires sont utiles pour les individus à risques.
Un chien victime d'un coup de chaleur pouvant décéder en quelques minutes, il est important de savoir comment agir au mieux pour éviter que la situation ne se présente, mais aussi d'être capable d'en reconnaître les symptômes et de savoir quoi faire si on observe ces derniers. Cela veut dire aussi qu'une grande vigilance est de mise dans les moments à risque, car se rendre compte trop tardivement qu'il y a un problème peut avoir de funestes conséquences.
Pendant les périodes de forte chaleur, être attentif est d'autant plus important qu'il existe alors aussi un risque de coup de soleil du chien, en particulier s'il a un pelage ras et/ou clair. Les conséquences sont certes moins immédiates, mais tout aussi redoutables.