Si les troubles du comportement alimentaire tels que l'anorexie ou la boulimie sont bien connus chez l'être humain, beaucoup de maîtres ignorent qu'ils existent aussi chez certains animaux de compagnie, notamment le chien. Ils ont en général des origines différentes, mais les symptômes sont similaires... et les risques associés aussi.
Comme ils peuvent être confondus avec un comportement normal ou un problème passager, ils n'attirent pas forcément l'attention et ne sont donc pas toujours bien diagnostiqués - et encore moins soignés.
Il est pourtant essentiel de savoir les reconnaître s'ils se présentent, car ils se résolvent rarement d'eux-mêmes et sont dangereux pour la santé.
Les troubles du comportement alimentaire, que l'on appelle aussi parfois troubles de la conduite alimentaire ou plus simplement troubles alimentaires, désignent comme leur nom l'indique des perturbations du comportement alimentaire ayant de graves répercussions pour la santé. Ils ne comprennent donc ni les fluctuations d'appétit passagères (liées par exemple à un stress ponctuel ou un changement d'environnement), ni les intolérances ou allergies alimentaires.
Les principaux troubles alimentaires chez le chien sont globalement les mêmes que chez l'Homme : la boulimie, l'anorexie, le pica, la coprophagie et la gloutonnerie.
Chez l'être humain, les troubles alimentaires sont presque toujours d'origine psychologique : un mal-être profond, une angoisse persistante, une mauvaise image de soi, une phobie à l'idée de grossir, etc. En réaction, la personne concernée développe un comportement malsain vis-à-vis de la nourriture : elle peut par exemple se nourrir excessivement, s'empêcher de manger, avoir un appétit très fluctuant, ou n'avaler que certains aliments bien précis. Bien souvent, une psychothérapie est nécessaire pour parvenir à retrouver un comportement alimentaire « normal ».
S'ils se manifestent généralement de la même façon, les troubles alimentaires chez le chien sont loin d'être toujours d'origine psychologique, même s'il s'agit souvent de la cause la plus fréquente. En effet, de nombreux autres facteurs sont susceptibles de les provoquer : une nourriture déséquilibrée, certaines maladies hormonales, une infestation par des vers digestifs... Heureusement, une bonne partie de ces causes sont plutôt faciles à soigner, ce qui permet un retour rapide à un comportement alimentaire normal.
La boulimie est un trouble alimentaire caractérisé par un appétit insatiable qui conduit à manger bien au-delà du sentiment de satiété, parfois jusqu'à s'en rendre malade. Elle est essentiellement connu chez l'être humain mais existe aussi chez certains animaux de compagnie, dont le chien et le chat.
Parmi les nombreuses causes possibles de boulimie chez le chien, l'explication psychologique est de loin la plus fréquente, puisqu'elle représente environ 40% des cas diagnostiqués. Le plus souvent, il s'agit d'un stress important lié soit à un mode de vie inadapté (par exemple un animal sportif cloisonné en intérieur) ou à un changement important (par exemple un changement de maître). Un chien diabétique, mal nourri ou souffrant de carences alimentaires a également plus de risques de développer une boulimie.
Ce problème de comportement alimentaire n'est pas toujours facile à détecter, car il est parfois confondu avec de la simple gourmandise ou de la gloutonnerie. Il est pourtant important de vite le repérer, car il peut occasionner divers problèmes de santé tels que du surpoids, des troubles digestifs, voire des intoxications si le chien affamé se met à manger n'importe quoi. Le traitement à mettre en place dépend essentiellement de la cause sous-jacente : il peut être psychologique, médical, ou une combinaison des deux.
L'anorexie est un autre trouble alimentaire très connu chez l'être humain et qui touche aussi la gent canine, même si les causes sont différentes. Chez le chien, elle correspond à une perte d'appétit plus ou moins marquée, liée le plus souvent à une maladie ou un stress important. L'anorexie mentale, c'est-à-dire le fait de s'empêcher volontairement de manger et/ou de se faire vomir par peur de prendre du poids, ne semble quant à elle pas exister chez les animaux.
Chez le chien, l'anorexie peut être causée par différents facteurs tels qu'une alimentation inappropriée et/ou pas très ragoûtante à ses yeux (par exemple un repas contenant peu de viande), un stress lié notamment à un bouleversement important dans son quotidien, un problème digestif, un médicament... Elle ne doit pas être confondue avec un simple caprice : en effet, certains chiens très malins aiment faire semblant de bouder leur gamelle dans l'espoir d'attendrir leur maître et d'obtenir des aliments plus appétissants à la place...
Comme pour la boulimie, le traitement ce problème de comportement dépend grandement de son origine. S'il est simplement lié aux aliments eux-mêmes, mieux vaut probablement basculer sur une nourriture plus séduisante, par exemple en optant pour un BARF à base de viande crue ou bien des croquettes pour chien sans céréales. Si elle est psychologique, il faut avant tout rassurer son animal en créant un environnement rassurant pour lui. Si elle est médicale, un traitement adapté s'impose afin de lui permettre de retrouver un appétit normal.
La maladie de pica (ou syndrome pica) est un trouble alimentaire relativement courant chez les animaux, et qui touche aussi les humains. Elle se caractérise par le fait que le chien mange des substances non comestibles, tels que de la terre, des pierres, du sable, du bois..., régulièrement et en quantité, le plus souvent au détriment de ses aliments habituels. Son origine est souvent d'ordre psychologique, mais il peut y avoir d'autres explications, comme des problèmes digestifs ou des carences nutritionnelles.
Quelle qu'en soit la cause, le pica est toujours problématique, car l'animal peut se rendre gravement malade en avalant tout et n'importe quoi. Il peut par exemple ingérer des substances toxiques pour les chiens, abîmer son appareil digestif en avalant des objets pointus ou coupants, s'étouffer avec de la ficelle ou des morceaux de plastique, contracter des infections et des vers au contact de matières contaminées (de la terre, par exemple), etc.
Il est donc impératif d'agir dès qu'on remarque ces symptômes et de tout mettre en oeuvre pour faire cesser son comportement. Cela passe généralement par une visite chez le vétérinaire pour s'assurer qu'il n'est pas malade, ou chez un comportementaliste si une origine psychologique est suspectée.
La coprophagie, c'est-à-dire le fait de manger des crottes, est un comportement parfaitement normal chez de nombreuses espèces animales, dans le sens où cela fait partie de leur mode de vie habituel. Elle est présente également chez l'être humain, même si dans ce cas précis, elle est extrêmement rare et reste associée à des troubles psychiatriques sévères.
Chez le chien, elle est considérée comme un trouble alimentaire (voire comme une composante du syndrome pica), dans la mesure où elle n'est pas "normale" mais résulte le plus souvent d'un problème de santé physique ou mentale.
Comme les autres problèmes de comportement d'ordre alimentaire, la coprophagie peut avoir des causes très variées : une carence du chien en vitamines ou en nutriments, une angoisse profonde, une peur d'être grondé (par exemple si le maître réprimande son compagnon chaque fois que celui-ci fait ses besoins), de l'ennui, une volonté d'attirer l'attention... Selon les cas, l'animal mange ses propres excréments, ceux d'autres animaux, ou les deux.
La coprophagie est peut-être le trouble alimentaire le moins "dangereux" pour le chien, dans le sens où elle ne met pas directement sa vie en danger. Elle est toutefois révélatrice d'un problème sous-jacent qui peut lui être grave et qu'il faut donc résoudre sans attendre. Elle peut également causer des maladies, car les déjections contiennent souvent des bactéries pathogènes et/ou des vers parasitaires qui prolifèrent dans son organisme une fois ingérés.
La gloutonnerie est un trouble alimentaire courant aussi bien chez l'être humain que chez le chien. Il désigne le fait de manger à toute vitesse, en quelques instants à peine, sans vraiment prendre le temps de bien mâcher. Il ne s'agit donc pas de la même chose que la boulimie, qui elle correspond au fait de manger de manière excessive, bien au-delà du sentiment de satiété.
La gloutonnerie est globalement moins dangereuse pour la santé que les autres troubles alimentaires. Il ne faut toutefois pas croire pour autant qu'elle n'est pas problématique. En effet, elle augmente le risque de problèmes sur le plan digestif : des maux de ventre, des flatulences, des ballonnements, des reflux gastriques... Elle pourrait même être l'un des facteurs d'apparition du syndrome du retournement d'estomac, potentiellement mortel s'il n'est pas pris en charge à temps.
Les causes d'un comportement glouton sont susceptibles d'être nombreuses : un stress, une peur, une faim excessive liée à une alimentation inadaptée... voire une combinaisons de plusieurs d'entre eux.
Pour régler le problème, il convient donc d'agir sur deux leviers :