Si la présence d’animaux de compagnie auprès des chefs d’État et de gouvernement ainsi que leur utilisation dans la stratégie de communication sont monnaie courante, le chien de Boris Johnson, né en 1964 et premier ministre du Royaume-Uni de 2019 à 2022, se fit remarquer d’une manière plutôt embarrassante pour son maître.
Né en 2018 et adopté par les Johnson en 2019, Dilyn (parfois orthographié par erreur Dylan) est un Jack Russell mâle à la robe blanche. C’est donc un tout jeune chien qui fit son entrée aux côtés du premier ministre et de sa compagne Carrie Symonds au 10 Downing Street, la célèbre résidence de fonction du chef du gouvernement britannique.
Un chien qui revenait d’ailleurs de loin puisque, avant d’être adopté par le couple, il fut abandonné par son propriétaire, un éleveur, du fait que ses mâchoires étaient mal alignées. Il fut recueilli par l’organisation de protection des animaux Friends of Animals, avant d’être adopté à 15 semaines par le futur premier ministre et sa femme lors d’une rencontre avec l’organisation organisée dans le cadre de la promotion de la loi Lucy. Votée en 2019, cette dernière interdit la vente de chiots et de chatons de moins de 6 mois par toute personne autre que l’éleveur lui-même, dans l’objectif de lutter contre la prolifération des usines à chiots et chatons en Angleterre.
Cette adoption visant en partie à promouvoir l’action des refuges animaliers et à encourager les Britanniques à adopter leurs animaux auprès d’éleveurs et de structures reconnus fit d’abord l’objet de commentaires positifs, que ce soit de la part du grand public ou des journalistes. Ces derniers ne tardèrent cependant pas à scruter les moindres faits et gestes du chien afin de trouver des angles d’attaque contre son maître.
On reprocha ainsi au Jack Russel de s’être fait les dents sur des éléments de mobilier, tant dans la résidence de travail que dans la résidence de repos de son illustre propriétaire - notamment sur des objets historiques d’une valeur inestimable, comme un pied d’éléphant offert jadis par Théodore Roosevelt (1858-1919), 26ème président des États-Unis. Le premier ministre lui-même admit également que son chien s’en prenait régulièrement aux jambes de ses collaborateurs et qu’il avait souillé le sac à main de l’une d’entre elles.
Si ces allégations peuvent prêter à sourire, d’autres, plus sérieuses, furent rapportées par des médias de premier ordre – par exemple la BBC. Le site internet du célèbre radiodiffuseur britannique de service public avança ainsi en 2021 que Dilyn pourrait être indirectement impliqué dans un détournement de fonds lorsque l’opposition accusa Boris Johnson d’avoir utilisé de l’argent public pour rémunérer un photographe ayant pris des clichés de son chien. Le Jack Russel fut également l’objet de plaintes officielles demandant son éviction du 10 Downing Street en raison de son comportement problématique, ce à quoi son maître s’opposa. Il faut dire qu’étant lui-même habitué aux frasques et aux scandales, Boris Johnson était peut-être le mieux placé pour comprendre et pardonner les bêtises de son animal.
En tout cas, il employa fréquemment Dilyn dans sa stratégie de communication pendant son mandat, notamment lorsqu’il l’amena avec lui au bureau de vote lors des élections générales de 2019. Il n’en reste pas moins que son affection pour son chien était semble-t-il parfaitement sincère. D'ailleurs, il fut souvent vu en train de simplement promener son compagnon dans les jardins de la résidence. Et lorsqu'en 2020 une rumeur voulant que le couple s’apprêtât à donner Dilyn vit le jour, il ne tarda pas à la démentir et la qualifier d’aberration, manifestement outré qu’on puisse le croire capable de se séparer de son jeune compagnon. Turbulent ou pas, il semble donc que le Jack Russel a encore de belles années à vivre auprès de son propriétaire.
