Présent sur le trône de Suède à partir de 1697, le roi Charles XII (1682-1718) est, avec son aïeul Gustave II Adolphe (qui vécut de 1594 à 1632, et fut couronné en 1611), l’une des deux grandes figures historiques de ce pays. En effet, Gustave Adolphe est connu pour avoir hissé la Suède au rang des grandes puissances de son époque pendant la guerre de Trente Ans (1618–1648), grâce à son habileté politique et à la modernisation de l’organisation de ses armées. Charles, en revanche, se montra impuissant face à l’expansion de la Russie sous le règne du tsar Pierre le Grand (qui naquit en 1672, fut couronné en 1682 et mourut en 1725). Sa vie et son règne presque entièrement consacré à la lutte contre la Russie inspirèrent à l’écrivain et philosophe français Voltaire (1694-1778) sa fameuse Histoire de Charles XII, roi de Suède publiée en 1731.
Comme tous les souverains de son temps, Charles XII était entouré d’un grand nombre de chiens, car la chasse était alors l’activité royale par excellence. Il baptisa trois d’entre eux Pompe, en référence au politicien et général romain Pompée (106 avant J.-C. - 48 avant J.-C.), qui fut le grand rival de César dans la prise de contrôle de Rome.
C’est le premier d’entre eux à avoir porté ce patronyme qui marqua les mémoires. On ignore à quelle race il appartenait, mais l’affection du roi pour son compagnon canin fut telle qu’à la mort de ce dernier en 1699, il le fit enterrer dans les jardins du château de Karlsberg, dans le sud du pays, où Charles avait passé une partie de son enfance. La pierre tombale de Pompe existe toujours et attire aujourd’hui encore la curiosité des nombreux visiteurs du château, devenu depuis une école militaire.
Charles XII eut deux autres chiens qu’il nomma Pompe, bien qu’ils n’aient aucun lien de parenté avec son chien favori. Peut-être était-ce pour lui un moyen de perpétuer le souvenir de son compagnon... En tout cas, tous trois l’accompagnèrent durant ses campagnes militaires.
Pompe deuxième du nom fut lui aussi un compagnon qu’il apprécia beaucoup. Ainsi, à sa mort en Pologne en 1703, le souverain écrivit une lettre à sa sœur Edwige-Sophie de Suède (1681-1708), dans laquelle il décrit en des termes élogieux son animal disparu. Israel Holmström, avocat du roi spécialisé dans les affaires militaires, lui dédia également un poème funéraire dans lequel il expliqua que le « loyal serviteur » du souverain dormait dans son lit chaque nuit et que de nombreuses « jolies damoiselles » auraient aimé être à sa place.
Quant à Pompe troisième du nom, il mourut en Hongrie en 1714.