Les nombreuses mentions du chien dans la Torah sont majoritairement négatives. Le mot « chien » est couramment utilisé péjorativement. C’est le cas par exemple dans le verset 3 du chapitre 15 du livre de Jeremie : « J'enverrai contre eux quatre espèces de fléaux, dit l'Éternel : l'épée pour les tuer, les chiens pour les traîner, les oiseaux du ciel et les bêtes de la terre pour les dévorer et les détruire ».
En outre, on trouve dans la Torah beaucoup de mentions de chiens carnassiers qui dévorent les cadavres des ennemis de Dieu. C’est d’ailleurs un des pires châtiments qui soit, et le sort que connaît notamment Jézabel, après avoir expulsé les croyants d’Israël. En effet, après qu’il ait été défenestré, son corps fut laissé dans la rue et dévoré par les chiens.
Selon l’auteur chrétien Yves I-Bing Cheng, la représentation du chien dans la Bible doit être mise en perspective avec le fait qu’à l’époque les chiens n’étaient ni dressés ni gardés comme animaux domestiques, mais organisés en meutes sauvages qui arpentaient les abords des villes et des villages à la recherche de nourriture. Ils représentaient donc certainement un danger, et une image négative leur était associée.
Cela dit, les chiens n’ont pas systématiquement une mauvaise image dans les textes sacrés du peuple juif. Parmi les rares exemples positifs, on peut citer l’évocation de chiens de garde de troupeaux dans le livre de Job (chapitre 30, verset 1).
Le mot vernaculaire « clébard » tire d’ailleurs ses origines d’un terme d’hébreux que l’on trouve utilisé dans les textes religieux juifs. Le mot hébreux « keleb » (devenu « kleb » ou « clébard » en français), qui signifie chien, se traduit littéralement par « comme un coeur ». Cette étymologie démontre un attachement particulier à cet animal et vient nuancer le champ lexical négatif souvent associé aux chiens dans la Torah, mais aussi d’ailleurs la connotation péjorative que peut avoir l’adaptation de ce terme en français.
En tout état de cause, il faut garder en tête que dans le judaïsme, le devoir d’amour pour la Création est un aspect central de la foi. Or le chien fait partie de cet ensemble d’êtres vivants, et il convient donc de le traiter avec considération. Au demeurant, rien dans le judaïsme n’interdit explicitement de posséder un chien de compagnie. Il est néanmoins mal vu dans certains cercles orthodoxes d'avoir un tel animal dans sa maison.