L’exercice du pouvoir est une fonction solitaire, et les chefs d’État ou dirigeants politiques ne sont jamais à l’abri d’une trahison : difficile de trouver des alliés fidèles. Ce n’est donc sans doute pas un hasard si nombre d’entre eux se tournent vers un animal réputé pour sa loyauté à toute épreuve : le chien.
Ainsi, que ce soit par exemple Joe Biden (né en 1942) et ses Bergers Allemands, la reine Elizabeth II (1926-2022) et ses Corgis, ou encore Vladimir Poutine (né en 1952) et ses chiens de berger, les dirigeants du monde contemporain sont nombreux à s’afficher en compagnie du meilleur ami de l’Homme.
Pour autant, cette passion des dirigeants politiques et des chefs d’État pour les chiens ne date pas d’hier…
De même que le rôle du chien dans la société a évolué au fil des siècles, sa présence au côté d’un chef d’État n’a pas toujours eu la même portée symbolique. Une chose demeure certaine : qu’il s’agisse de souligner la puissance et l’autorité d’un monarque, ou au contraire de montrer que la personne à la tête de l’État est une personne (presque) comme les autres et qui sait se montrer attentionnée, le chien est depuis longtemps susceptible de faire partie intégrante de la stratégie de communication de son puissant propriétaire.
De fait, à travers le choix de la race et la façon dont il représente l’animal ainsi que celle dont il se met en scène avec celui-ci, un chef d’État peut promouvoir des valeurs qui lui tiennent à cœur. C’est flagrant par exemple dans le cas du président russe Vladimir Poutine (né en 1952), qui au cours de ses divers mandats a adopté plusieurs races réputées pour leur courage, leur obéissance ou leur force physique - notamment un Labrador Retriever, un Akita Inu ou encore un Berger Yougoslave (Berger de Charplanina).
Pour sa part, le président irlandais Michael D. Higgins (né en 1941), dont le rôle est principalement représentatif, se déplace très fréquemment avec l’un de ses Bouviers Bernois : ces derniers attirent toujours la sympathie du public et ne sont potentiellement pas étrangers au fait qu’il jouit d’une popularité bien supérieure à celle des autres politiciens de son pays.
Le processus d’obtention même du chien peut également servir à envoyer un message aux électeurs. Par exemple, Joe Biden (né en 1942), 46ème président des États-Unis, affiche une prédilection pour les Bergers Allemands et est connu pour adopter ses animaux dans des refuges plutôt qu’auprès d’éleveurs. Dans le même ordre d’idée, Nemo, le croisé Labrador Retriever - Griffon noir du président de la République française Emmanuel Macron (né en 1977) est le premier chien présidentiel français à avoir été adopté dans un refuge (dès les mois suivant l’élection de 2017, d’ailleurs). Dans les deux cas, il s’agit d’une façon de sensibiliser la population à la question des abandons d’animaux.
Le fait qu’adopter et posséder un chien puisse clairement être utilisé de manière bénéfique en termes d’image autorise potentiellement à s’interroger sur la sincérité de l’affection des chefs d’État pour leurs animaux. Cela vaut surtout pour ceux qui ont adopté leur premier chien après avoir accédé aux plus hautes fonctions de l’État, à l’image par exemple du président américain Barack Obama (né en 1961) et du premier ministre canadien Justin Trudeau (né en 1971). Toutefois, il est évidemment impossible d’être dans leurs têtes, et donc de savoir dans quelle mesure il s’agit là d’un calcul politique.
Même si on a parfois de nos jours tendance à considérer que « tout » est politique (voire communication, aux yeux des plus critiques), il ne faut pas oublier que même les chefs d’État ont comme tout le monde des besoins affectifs. On peut donc imaginer que certains d’entre eux sont heureux de pouvoir compter sur un attachement total et sincère, fût-ce de la part d’un chien.
Au demeurant, il est de notoriété publique que le pouvoir isole, et que les trahisons sont monnaie courante quand on occupe une telle fonction. Il est donc sûrement d’autant plus appréciable de bénéficier de la compagnie d’un animal réputé pour sa fidélité…
D'ailleurs, alors qu’il était jadis destiné essentiellement à un remplir un rôle pratique (la chasse, la garde, la guerre…), le chien du dirigeant politique est aujourd’hui généralement un simple animal de compagnie. En ce sens, il a connu une évolution similaire à celui du commun des mortels : aujourd’hui, on possède le plus souvent un représentant de la gent canine simplement pour le plaisir de sa compagnie, alors qu’autrefois son rôle premier était plutôt de « travailler » (en chassant, en gardant la maison, en éliminant les nuisibles, en tractant des charges…).
Cela dit, pour un dirigeant politique comme d’ailleurs pour toute autre personnalité, posséder un chien destiné à la compagnie n’empêche nullement de l’utiliser aussi à des fins de communication…