Sport canin : qu'est-ce que le cavage ?

Sport canin : qu'est-ce que le cavage ?

Le cavage est le fait de creuser pour rechercher des truffes, et ce sont des chiens dressés spécialement pour le cavage qui sont utilisés dans la recherche de ce champignon très prisé.


Cette activité est considérée comme un sport canin, et de nombreux concours de cavage sont organisés par des organisations spécialisées, comme des clubs de sport canin ou encore des organisations truffières. 


 

La truffe et ses mystères

La truffe et ses mystères

Il est courant de dire que la truffe est un champignon souterrain, même si elle est plus exactement le fruit du mycélium. Elle est classée dans la catégorie des ascomycètes hypogés (les spores sont enfermées dans des sacs). Son aspect est plutôt arrondi, mais il peut être irrégulier en raison du terrain.

 

Le cycle biologique de la truffe est particulier ; elle est contrainte pour vivre de se rattacher à une autre vie. C’est une symbiose entre l'arbre et le champignon.

 

De la rencontre des radicelles de l'arbre hôte et du mycélium naît un organisme indispensable aux échanges : la mycorhize. Grâce aux mycorhizes, la truffe puise dans l'arbre les substances organiques sans lesquelles elle ne pourrait vivre. La mycorhisation se fait soit naturellement par la présence de spores de truffe dans le sol, soit par le fait de planter des chênes déjà mychorisés.


Une fois l'arbre planté, il faut une dizaine d'années, le temps nécessaire à la colonisation des racines de l'arbre, pour que les premières truffes apparaissent. C'est le mycélium, issu des mycorhizes, qui donne naissance aux petites truffes. En effet, vers les mois de mai-juin, le mycélium se rétracte pour former une pelote que l'on appelle primordia. Si elles ne dépérissent pas, ces petites truffes évoluent et prennent leur indépendance courant juillet.

 

Le cycle biologique de la truffe exige trois éléments : le sol, le climat et l’arbre hôte. Quant à sa couleur et son arôme, elle ne les acquiert qu'au moment de sa récolte.

 

De nombreux mystères entourent la trufficulture, car tout est loin d'être connu et maîtrisé dans son développement. Au demeurant, l'Homme lui-même a su les entretenir et les garder vivaces.

 

Ainsi, à la question de savoir si la truffe est aphrodisiaque, la réponse est loin d'être établie. Cependant, si la truie cherche naturellement des truffes, c'est parce qu'il émane de celle-ci des parfums similaires à des substances que l'on trouve dans les organes sexuels du porc. Et puis, Brillat Savarin n'a-t-il pas écrit  « Alors continuons d'y croire et surtout d'en manger ! » ?

La naissance du cavage en tant que discipline

La naissance du cavage en tant que discipline

On identifie deux origines possibles au terme de cavage, qui désigne l’action de creuser le sol pour récupérer le précieux tubercule appelé truffe. La première fait découler le mot du latin Cavus, qui signifie « creux ». La seconde le fait venir du nom d'un instrument, le cavadou, qui sert justement à déterrer les truffes.

 

En tout état de cause, il existe différents types de recherches avec animaux pour découvrir ce champignon souterrain, comme la recherche avec le porc, la mouche ou encore avec le chien. La radiesthésie (procédé de détection reposant sur certaines radiations des corps) est également utilisée.

 

La recherche avec le chien n’est pas récente, et on dit d'ailleurs que le roi Louis XV cherchait les truffes de cette façon. Jusqu’en 1960, le dressage du chien truffier était même considéré comme un secret transmis de génération en génération.

 

En 1969-1970, quelques mordus de la Société Canine de la Dordogne organisèrent le premier concours de chiens truffiers avec la collaboration des trufficulteurs de la région. De nombreuses races étaient représentées, mais la plupart des individus présents étaient des bâtards servant également de chiens de berger. L’année suivante, des concours similaires fut organisés dans les départements du Lot et de la Corrèze, en y ajoutant toutefois une réglementation.

 

En 1980, des amateurs de truffes présents en Charente-Maritime organisèrent à leur tout un concours, et il en fut de même 4 ans plus tard en Charente.

 

Ce n'est que le 29 septembre 1982, après beaucoup d’efforts de la part des amateurs et passionnés de la discipline, que le cavage fut reconnu par la Société Centrale Canine. L'année suivante, il devint l'objet d'une sous-commission dans les diverses disciplines de la Commission d'Utilisation Nationale (CUN). 

 

Le 18 mars 1984, un Berger Allemand nommé Oscar remporta le premier Championnat de France de cavage à Sorgues, en Dordogne. Lundi, un Teckel, devint quant à lui le premier champion de France non-LOF.

 

En 1991, la discipline finit par avoir sa propre commission au sein de la Société Centrale Canine.

Existe-t-il des races de chien truffier ?

Existe-t-il des races de chien truffier ?

Il n’y a pas de races dites de chiens truffiers, mais certaines semblent avoir de meilleures aptitudes que d’autres. Parmi les plus douées, on trouve le Berger Allemand, le Labrador, le Rottweiler, le Berger Australien, le Caniche ou encore le chien d'eau Romagnol (sa force réside d'ailleurs dans la forme très proéminente de sa truffe et dans sa grande capacité de mouvement).

 

Le chien truffier doit avoir du flair, mais aussi être un animal calme, obéissant et sociable. En effet, il ne doit pas abîmer les truffes découvertes ni être distrait par son environnement et les individus qui s'y trouvent, qu'il s'agisse d'animaux ou d'humains. Il doit en outre être endurant, puisque la recherche réelle, qui a lieu en hiver, peut durer 5 à 6 heures sur sol gelé. L’essentiel est surtout la complicité avec son maître, en compagnie duquel il forme une équipe indissociable.

 

Il peut s'agir soit de chiens de pure race inscrits au LOF, soit de bâtards triés sur le volet. Les chiens de chasse sont généralement écartés par les puristes, qui ont constaté à leurs dépens qu'un chien chasseur est trop facilement déconcentré par les traces olfactives du gibier alentour. Pour autant, l’Épagneul Breton donne de très bons résultats en tant que chien de cavage.

 

Pour obtenir de bons résultats en cavage, l'éducation du chien est très codifiée et nécessite tant une patience d'ange de la part du maître qu'un enthousiasme réel de la part du chien. Sans une excellente complicité entre les deux, rien n'est possible. Elle conduit à apprendre au chien dès le plus jeune âge, et avec différentes méthodes, à chercher la fameuse truffe tant adulée par les fins gourmets.

Comment se passe un concours de cavage ?

Les classes dans les concours de chien truffier

Les classes dans les concours de chien truffier

Les concours de cavage, c'est-à-dire les concours canins dans lesquels les chiens truffiers doivent dénicher le fameux diamant noir, sont structurés en deux classes :

  • Classe A : ces concours sont réservés aux chiens qui débutent, quel que soit leur âge, et qui n'ont pas encore une expérience suffisante. Dès l'obtention de deux qualificatifs « Excellent », le chien peut passer en classe B ;
  • Classe B : ces concours sont accessibles à tout chien muni de son carnet de travail et ayant obligatoirement obtenu au moins 2 « Excellent » en classe A. Le CACT (Certificat d'Aptitude au Championnat de Travail) ne peut être décerné qu'à un chien inscrit au LOF.

 

Le concours est jugé sur 200 points :

  • 60 points pour la durée du travail ;
  • 125 points pour les truffes trouvées ;
  • 5 points pour l'allure générale.

Le déroulement d'un concours de cavage 

Chaque truffière est un carré de 5 mètres sur 5 mètres devant comporter 6 truffes, ou ersatz de truffes, répartis de façon irrégulière, mais sur plus de la moitié de la surface. Le chien a alors 8 minutes maximum pour trouver les 6 truffes enterrées.

 

Les concours se passent quasiment exclusivement en hiver, et restent concentrés dans les régions « à truffes », à savoir le sud de la France (la Drôme, le Vaucluse ou encore le Languedoc-Roussillon) et l'est de la France (Bourgogne, Lorraine...). Il existe toutefois des ersatz de truffes facilement fabricables en utilisant de l’essence de truffe pour le rapport odorant, ce qui permet d'organiser des concours même hors de ces zones.

 

Dans tous les cas, le chronomètre démarre lorsque le chien a deux pattes sur le carré appelé « truffière », et n’est arrêté qu’a la 6ème truffe ou au bout des dix minutes que dure au maximum l’épreuve. Lorsque le concurrent est au bord de la truffière, il doit libérer le chien sur la base de travail dans un délai ne dépassant par 5 secondes, pour éviter un repérage anticipé.

 

Le concurrent peut rentrer où il veut dans la truffière, mais il est préférable de rentrer à un angle, de façon à faciliter le travail méthodique du chien (les secondes sont précieuses). En outre, comme le chien est sensible à la position du jury et du ramasseur près de lui, et plus précisément à leurs odeurs, il faut tenir compte du sens du vent pour ne pas entraver son flair. 

 

Le chien doit marquer l’emplacement des truffes d’un coup de patte net. Le maître a le droit de récompenser son chien après chaque découverte. Le maître peut alors déterrer la truffe, mais doit reboucher le trou et remettre le terrain à niveau de la main ou du pied. Ceci est très important et peut éviter des fautes.

 

En effet, si le chien remarque l’emplacement d’une truffe déjà ramassée, il est pénalisé de 5 points. S'il marque un endroit sans truffe, ce sont 10 points qui lui sont retirés.

 

Par ailleurs, il faut donner la truffe au ramasseur, et il est interdit de rendre 2 truffes à la fois. Le juge note le temps écoulé à chaque truffe, car en cas d’égalité, on départage les concurrents en fonction du temps mis à apporter la première truffe. S'il est identique, on regarde le temps mis pour la deuxième truffe, et ainsi de suite.

 

De ce fait, et toujours dans l'optique de ne pas perdre de temps, il est bon d’apprendre au chien à retourner à son travail pendant que le maître va rendre la truffe. Ce dernier a la possibilité de marcher dans la truffière, mais il doit faire attention à ne pas trop la piétiner, sous peine de pénaliser le travail du chien. Au demeurant, si ce dernier a par exemple trouvé 3 truffes sur le bord, le maître a tout intérêt à se rendre dans la truffière, pour inciter le chien à aller chercher au centre.

 

Pour déterrer la truffe trouvée par le chien, le maître peut se servir d'un outil. Cela est particulièrement utile si le terrain est gelé ou détrempé. Il peut aussi s’en servir afin de marquer une truffe déjà marquée par le chien, mais qu'il n'a pas encore eu le temps de prendre, ce dernier ayant déjà trouvé la suite.

 

Par contre, le chien qui mange une truffe ou qui est hors de contrôle et traverse une autre truffière est éliminé.

 

Enfin, pour être sélectionné au Championnat de France de Cavage, le chien doit trouver les 6 truffes en moins de 1 minute et 30 secondes.

 

Au demeurant, seuls les chiens LOF ont leurs résultats homologués. D'ailleurs, les statistiques montrent que de moins en moins de chiens non-LOF participent aux concours de cavage.

Conclusion

L'entraînement au cavage peut s'avérer coûteux, car pour initier un chien à la recherche aux truffes, il faut en acheter. Ainsi, pour débuter, le mieux est de se rapprocher d'une organisation spécialisée, comme un club canin, la commission cavage de la SCC ou encore des organisations truffières. 

Dernière modification : 12/07/2018.