En éthologie, la dominance sociale résulte des rapports de force entre deux ou plusieurs individus, établissant ainsi une hiérarchie sociale dans un groupe. Il s'avère que dans les milieux cynophiles, cette théorie de la dominance, et le modèle hiérarchique pyramidal qui en découle, sont très répandus. C’est autour de l’idée principale que le chien doit être dominé par l’homme que s’orientent les discours et les pratiques de nombreux professionnels. Qui n'a jamais entendu dire que le maître se doit d'être le dominant dans sa relation avec son chien, son Alpha ?
Mais à quoi cela est-il dû, et pourquoi, après des années d'études et de remise en question, s'est-on rendu compte que cette idée était en fait totalement erronée ?
Depuis des années, Mr et Mme Coppinger ainsi que David Mech, biologistes américains, étudient les loups en milieu libre et naturel, mais aussi des groupes de canidés sauvages. Après plus de 35 ans d'études et d'observations, ils en ont conclu que le modèle éducatif habituel et traditionnel du chien, basé sur des études pratiquées sur des meutes de loups en captivité dans les années 40, était non fondé, et que les interprétations étaient fausses. D'après eux, utiliser ces observations erronées serait comme tirer des conclusions sur le fonctionnement de la famille humaine en étudiant l'être humain dans des camps de réfugiés.
Il serait nécessaire aujourd'hui de modifier la vision qu'a l'Homme du chien, de sa relation qu'il a avec lui, et d'oublier le modèle dominant/dominé. Cette notion serait obsolète, fausse et inadaptée. Il faudrait ainsi arrêter de prendre comme modèle éducatif les loups pour éduquer les chiens.
Par exemple, l'Homme a longtemps pensé, après ses observations sur les loups en captivité, qu'il y avait un mâle Alpha qui mangeait en premier, et qu'il y avait une sorte d'obligation pour le maître de manger avant son chien. Ce serait une erreur. Les loups sauvages mangent les proies ensemble, comme les lions et les lionnes, les lycaons aussi, ou les coyotes. D'après F. Martin, prendre le modèle des loups pour élever et éduquer les chiens domestiques reviendrait à prendre comme modèle les grands singes pour éduquer les enfants.
Par conséquent, il est important aussi de ne plus croire qu'il doit être mis en place une hiérarchie à la maison, dans la relation entre l'Homme et le chien. Le maître ne doit pas être le dominant vis-à-vis de son chien. Il doit être un leader, un guide, mais avec des règles de vie.
Il faut savoir qu'il ne peut pas y avoir de hiérarchie entre deux espèces différentes, la hiérarchie sociale ne pouvant exister que dans un même groupe social, dans une même espèce. Chaque espèce a son mode de fonctionnement et son modèle hiérarchique propre. Pour prendre un exemple concret, il n'existe pas de hiérarchie entre la girafe et l'éléphant, c'est indéniable, et pourtant ils peuvent vivre ensemble dans un même lieu. C'est ce que l'on nomme relation de coopération. Les hiérarchies de dominance n'existent pas, et ne sont qu'une projection humaine.
Une relation de coopération est possible entre l'Homme et le chien, et exclure cette ancienne pensée de hiérarchie interspécifique n'empêche pas de mettre en place des règles de vie dans une maison, des règles que le maître aura choisi. Charge donc à ce dernier de déterminer ces règles et de les enseigner au chien pour qu'il fasse ce qu'il souhaite, sans être obligé de les imposer par autoritarisme. Il est important que le maître apprenne et comprenne le langage différent que possède le chien, ainsi que son langage corporel. Pour une bonne coopération, il est fondamental de respecter l'animal dans sa spécificité. Par exemple, si le chien grogne, c'est une forme de communication, il dit quelque chose, et ce n'est pas forcément lié à une question de hiérarchie.
D'après F. Martin, le fait de vouloir une relation de dominance entre les Hommes et le chien installe obligatoirement une relation conflictuelle dans une finalité de gagnant/perdant, ou de persécuteur/victime.
En effet, se sentant investis d’une mission, celle de dominer, les maîtres font souvent appel aux moyens qui leur semblent les plus évidents : l'objectif étant de faire autorité sur l'animal, ils ont tendance à contraindre le chien dans certaines situations définies à l'avance. Par exemple, le chien a interdiction de franchir une porte en premier, de monter sur le canapé, de dormir dans la chambre, et il doit en permanence être renvoyé vers son panier ou son endroit de repos, voire être repoussé fermement lorsqu’il ose placer une patte sur la cuisse de son maître.
Malgré les quelques réponses favorables mais bien éphémères que produit le chien, la plupart des maîtres continuent pour ne pas défaillir devant leur mission de dominance, et lui répètent sans cesse les directives qu’ils croient être comprises ou tout au moins efficaces. Rapidement, devant le constat de ces premières difficultés à atteindre l’objectif fixé, vient se greffer la nécessité de l’obéissance. Il faut dominer le chien et il faut le faire obéir : il faut donc qu’il apprenne à être dominé en obéissant. C'est le début du rapport de force entre le chien et le maître, et bien que le chien obtempère de temps à autre, c'est loin d'être parfait.
Ainsi, pour progresser, les sanctions et les punitions à l'encontre du chien désobéissant apparaissent. Les maîtres peuvent frapper leur animal avec la main ou un journal roulé, le secouer par la peau du cou, ou bien encore le retourner sur le dos pour se faire obéir. Malheureusement, ils ne gagnent souvent qu'un chien qui se terre un peu plus, ou se rebiffe ; leur comportement ne fait que rendre le chien menaçant, voire agressif. Certains utilisent même une muselière, un collier électrique, voire une cage, pour soumettre cet éternel rebelle qui n'a jamais accepté de l'être, quand ce n'est pas la mise à mort du chien qui est proposée.
Avec ce genre d'éducation à la dure, le chien devient inquiet et méfiant, mais les maîtres, heureux d'avoir rempli leur mission de dominace, sont incapables de percevoir la détresse de leur animal. Ils sont totalement plongés dans une sorte de parcours que l'on peut nommer « parcours pour la dominance à tout prix ». Ils tombent ainsi avec facilité et rapidité dans cet engrenage de violence, encouragés par la vente de ce genre d'accessoires, détériorant bien malgré eux les relations avec leur chien, sous prétexte d'amélioration.
Cependant, avec la remise en question de la hiérarchie que proposent le couple Coppinger, Mech ou Martin, on ne parle pas d'absence totale de règles et de codes, ou transgression de celles-ci. Pour maintenir l'équilibre dans la relation entre l'être humain et le chien, les règles de vie sont importantes et nécessaires.
Le maître ne peut pas être le chef de meute : une meute n'étant composée que de chiens, le groupe qu'il forme avec le chien n'est pas une meute, mais bien une relation de coopération. Les Hommes et les chiens ne font pas partie du même groupe social, de la même espèce. Ils forment simplement un groupe constitué de deux espèces qui cohabitent avec respect. De plus, l'Homme ayant domestiqué le chien pour le faire vivre avec lui, il doit veiller à la satisfaction des besoins inhérents à l'espèce canine. Il y a création d'une notion de bientraitance.
Chez le chien, le chef de meute (ou le dominant) n'est pas forcément un bagarreur, mais un individu calme et posé, sans être autoritaire. Il est dominant parce qu'il est capable de, parce qu'il a les capacités et les qualités pour. De plus, il faut savoir que dans une meute de chiens, le statut de dominant est fluctuant, contextuel et situationnel. Par exemple, dans un groupe, si le chien A a un meilleur odorat et que le chien B est plus souple et plus rapide, le chien A mènera la chasse, alors que le chien B va mener l'attaque du fait de sa rapidité.
On retrouve cette hiérarchie de dominance chez l'être humain également. Par exemple, dans une famille, si la mère cuisine et gère la maison, elle domine pour gérer les tâches ménagères, alors que le père, qui sait mieux lire une carte routière, dominera pour gérer les déplacements. De même, si leur enfant est plus compétent au niveau de l'informatique, il dominera sur la partie logistique de la maison.
David Mech, zoologiste américain, a conclu après ses observations qu'une meute était gérée comme une "famille", avec des figures parentales adultes qui servent de guides, sans forcément utiliser des violences physiques (s'il y a combats, ils ont généralement lieu pendant la période de reproduction).
Pour que la relation coopérative entre le chien et l'être humain fonctionne, et que les règles de vie soient respectées, l'Homme a créé, au fil du temps et des études menées, de nombreuses méthodes d'éducation canine. La nouvelle méthode d'éducation positive utilise ainsi des modalités d'apprentissage non associatif et des renforcements positifs afin d'enseigner au chien, et non plus d'exiger. En effet, il est inconcevable de demander au chien quelque chose qui ne lui a pas été enseigné : il lui est impossible de connaître comme par magie les règles de vie de son maître.
Les éducateurs sont les plus à même d'aider les maîtres à mettre en place leurs règles de vie. En l'occurrence, il ne s'agit pas d'imposer au chien une longue liste de ce qu'il doit et ne doit pas faire : à la sortie de la maternité, le personnel médical ne donne pas aux parents une liste d'interdits pour élever leurs enfants ! De plus, les règles de vie ne sont pas les mêmes pour tout le monde. Certains vont choisir d'accepter leur chien avec eux sur le canapé, alors que d'autres non. Chacun met en place les règles de vie qu'il souhaite avoir avec son compagnon, sans contraintes ou exigences.
Les règles de vie et les codes sont indispensables, mais ils sont différents d'un système à un autre, d'une famille à une autre, et ne peuvent être modélisés : ce qui convient à l'un peut ne pas convenir à l'autre. L'important, c'est que les règles de vie soient respectées pour que les individus vivant dans le système y trouvent leur compte.
Reste que dans tous les cas, il y a une grande différence entre exiger que le chien fasse quoi que ce soit, sans qu'on le lui ait appris au préalable et en le punissant au passage quand il fait mal, et le fait de lui apprendre par apprentissage non associatif, ou bien de l'aider à le faire, pour ensuite le récompenser quand il le fait bien de lui-même.
Enfin, c'est aussi avec l'aide de l'éducateur que le maître va également définir ce qu'il souhaite être pour son chien : un guide / un leader, ou bien un dominant.
La différence entre un dominant et un leader est le fait que le leader n'utilise jamais la provocation ou la dominance. Le dominant utilise « je », alors que le leader utilise « nous ». Le dominant crée la peur, le leader inspire la confiance. Le premier sait « comment », alors que le second montre « comment ». Le dominant donne des ordres, alors que le leader montre comment obéir. Le dominant se fie à son autorité pour que les choses se fassent, le leader se fie lui à la coopération. Le dominant provoque du ressentiment, alors que le leader provoque de l'enthousiasme et la motivation.
Alors, souhaitez-vous être un dominant ou un leader ?
Je recommande à l'auteur une saine lecture : celle de ses confrères vétérinaires-comportementalistes ... Quand un maître a recours à la "violence", c'est qu'il a échoué à établir la bonne communication, et la bonne position du chien dans la structure hiérarchique dont celui-ci a besoin pour vivre sereinement.
J'aimerais répondre a nadine en disant mon opinion, selon moi il s'agit d'agir en chef de meute. En intervenant a chaque fois que le comportement arrive tout en mettant l'animal devant son problème. Patience et détermination!
La question serait plutôt de savoir si l'homme moderne est encore en mesure de mériter toute l'attention que peut avoir un chien qui par nature fera tout pour partager cet univers qui n'est pas le sien .Peut on croire alors que le chien cherche à dominer l'être qui le nourrit et veille à son bien être .Si on prend le temps de l'observer on s'aperçoit que notre compagnon propose sans cesse un comportement rempli de reconnaissance .
Je trouve ce discours très réconfortant de ne pas être obligé de passer par la violence mais quelle est la véritable solution pour que le chien écoute et ne fasse pas tout et n'importe quoi?
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