Trouver des moyens de permettre à son animal de se défouler est une problématique à laquelle nombre de propriétaires sont confrontés. Or, si courir avec son chien ou l’emmener faire de longues balades font partie des options très prisées, elles sont loin d’être les seules…
En particulier, puisque la trottinette est un moyen de déplacement de plus en plus prisé, pourquoi ne pas en faire avec son compagnon ? C’est précisément ce en quoi consiste la cani-trottinette, une activité saine et amusante qui procure de belles sensations tout en permettant aux deux protagonistes de se défouler et de s’amuser.
Une trottinette est un engin de déplacement composé d'une planche portée par deux ou trois roues et d'un guidon. Elle permet de se déplacer en ayant un pied posé sur la planche et en utilisant l'autre pour se propulser, par poussée au sol.
Elle a fait son apparition dans les années 1920 aux États-Unis et en Europe, où elle servait de jeux d’enfants. Elle a commencé à être utilisée pour le freestyle (faire des figures acrobatiques) en Suisse à partir des années 2000, puis comme moyen de transport urbain à partir des années 2010 dans la plupart des pays développés.
Parfois abrégée sous le nom de cani-trott', la cani-trottinette consiste à attacher un ou plusieurs chiens à une trottinette tout terrain à l’aide d’un harnais et d’une laisse spéciale. Il s’agit donc d’un sport de traîne, au même titre par exemple que le cani-cross, le cani-VTT, le ski-joëring ou encore le traîneau à chiens. À l’instar du musher dans ce dernier, le conducteur dirige le chien ou l’attelage chargé de tracter la trottinette.
D’ailleurs, comme tous les sports de traction canine, la cani-trottinette (ou trottinette tout-terrain avec son chien) a été initialement créée dans le cadre de l’entraînement des chiens de traîneaux quand la neige est absente. À l’origine, cette activité sert donc à maintenir en période creuse la condition physique des athlètes canins qui participent à des compétitions.
Par la suite, les utilisateurs de trottinette en tant que moyen de déplacement ont commencé à utiliser cet accessoire pour promener leur compagnon, et ainsi lui procurer un nouveau type d’activité physique à la fois intense et régulier. La cani-trottinette fait ainsi l’objet d'un engouement croissant un peu partout dans le monde.
Comme beaucoup de sports canins de traction, la cani-trottinette présente des avantages aussi bien pour le chien que pour son maître :
En outre, elle a l’avantage de pouvoir être pratiquée dans de nombreux endroits - aussi bien sur des chaussées goudronnées que sur des chemins de forêt, par exemple.
La cani-trottinette n’est pas accessible à n’importe quel chien.
En premier lieu, un chien de petite taille n’a évidemment pas la force de tirer son propriétaire ainsi que la trottinette. Même s’il y parvenait ne serait-ce qu’un peu, non seulement il s’épuiserait probablement très vite, mais surtout il y aurait un grand risque de problèmes articulaires ou musculaires.
Ce n’est pas non plus une activité recommandée pour un chien en surpoids, qui n’aurait pas l’endurance nécessaire. Mieux vaut d’abord le faire maigrir d’autres manières, et ensuite potentiellement le mettre à la trottinette.
Elle est également à proscrire pour les chiens brachycéphales (c’est-à-dire avec un museau écrasé), à l’image par exemple du Bouledogue Anglais. En effet, cette particularité morphologique implique des difficultés respiratoires et une grande intolérance à l’effort.
Quant aux plus grands chiens, ils sont généralement prédisposés aux problèmes articulaires : mieux vaut donc éviter de leur faire faire trop souvent des efforts importants sur de longues distances – et donc durées.
Par ailleurs, quelle que soit sa race, cette activité est beaucoup trop intense pour un chiot, qui est particulièrement fragile tout au long de sa période de croissance. Pour éviter des problèmes osseux, nerveux ou ligamentaires, il faut donc impérativement attendre que l’animal ait atteint son âge adulte (soit généralement autour d’un à deux ans, selon son gabarit).
Enfin, il est évident que cette pratique n’est pas adaptée pour un animal blessé ou malade : celui-ci doit être en pleine capacité de ses moyens pour supporter l’effort demandé par cette activité. On risquerait au contraire d’aggraver encore plus son état.
Au final, la pratique de la cani-trottinette s’adresse à des chiens adultes de taille moyenne à grande, qui ont une bonne condition physique, une certaine endurance, et surtout possèdent les capacités techniques pour tracter - c’est-à-dire une ossature solide et une force musculaire suffisante.
Toutefois, les qualités physiques ne font pas tout : il est important également que l’animal possède l’envie de tracter - ce qu’on appelle le « will to go ». Celle-ci est particulièrement présente chez les chiens de traîneau, qui commencent à s’exciter, à bondir et à tirer dès que leur maître leur met un harnais.
Parmi les races les plus aptes à la pratique de la cani-trottinette, on trouve celles de type nordique (par exemple le Husky Sibérien), les chiens de chasse (tel que le Braque Allemand) ou encore certains chiens de berger qui disposent également des aptitudes physiques indispensables à ce sport (à l’image du Border Collie).
Au-delà du fait que le chien doit remplir certaines conditions, la pratique de la cani-trottinette suppose que plusieurs pré-requis soient remplis tant du côté de l’animal que de son maître, et nécessite un peu de préparation.
En premier lieu, le maître doit évidemment être lui aussi en bonne condition physique.
Surtout, il est garant de la sécurité et du bien-être de l’équipe qu’il forme avec son ou ses co-équipier(s). Cela implique qu’il doit maîtriser parfaitement sa trottinette, ce qui suppose notamment de savoir être souple pour éviter les à-coups, gérer la vitesse pour éviter toute perte de contrôle (mais aussi soulager l'animal et ainsi éviter qu’il ne se fatigue trop vite), freiner chaque fois que cela s’avère nécessaire, etc. Autrement dit, ce n’est qu’une fois qu’il a déjà une certaine expérience au guidon de son engin qu’il peut envisager de faire tracter celui-ci par son chien.
La cani-trottinette nécessitant de la part du chien un effort assez intense et régulier sur une certaine durée, il doit avoir une certaine condition physique. Il est donc conseillé de le préparer au besoin par des séances de cani-cross légères au départ, puis plus intenses par la suite.
Cela dit, il ne suffit pas qu’il soit physiquement prêt à pratiquer la cani-trottinette pour pouvoir se lancer en tout sécurité. En effet, il est essentiel également de s’assurer qu’il comprenne et applique les consignes qui lui sont données tout au long du trajet : « Go ! », « Droite ! », « Gauche ! », « Stop »... Pour inculquer ces ordres à son chien, il est conseillé de le faire en courant, c’est-à-dire là aussi en faisant du cani-cross : les difficultés et surtout les risques d’accidents n’en seront que plus diminués au moment de passer à la trottinette.
Pour pratiquer la cani-trottinette dans de bonnes conditions, il est nécessaire d’acheter une cani-trottinette adaptée et qui garantit la sécurité du maître, mais aussi du ou des chien(s).
Opter pour un modèle tout-terrain permet de faire de la trottinette avec son chien en alliant sécurité et confort. En effet, l’engin doit avoir de grosses roues, un plateau large, une hauteur suffisante pour franchir des obstacles, des amortisseurs qui assurent confort et stabilité sur tous les terrains, ainsi qu’un système de freinage efficace.
Les modèles de ville, électriques ou freestyle ne remplissent pas certaines de ces conditions.
Le budget à prévoir s’avère toutefois nettement plus conséquent que pour ces derniers, puisqu’il faut compter autour de 500 euros.
Au-delà du choix de l’engin, la sécurité du pilote passe aussi par son équipement. Il est donc vivement conseillé de s’équiper d’éléments de protection tels que des genouillères, coudières et lunettes de protection, ainsi que d’un casque.
Il faut prévoir pour le tout un investissement de l’ordre d’une centaine d’euros environ, mais le montant peut même atteindre les 200 euros si on opte par exemple pour un casque intégral.
La pratique de la cani-trottinette nécessite que chaque chien soit équipé d’un harnais de traction, c’est-à-dire spécifiquement conçu pour les activités dans lesquelles il doit tirer. Il est important de choisir un modèle adapté à sa morphologie, qui le laisse se mouvoir en dégageant entièrement les épaules. En tout cas, il ne faut surtout pas utiliser de collier, car celui-ci pourrait l’étouffer pendant l’effort.
Le prix d’un harnais de traction de qualité dépend surtout de la taille de l'animal, mais il faut compter au minimum 30 euros pour cet achat.
Le chien doit être relié à la trottinette grâce à une ligne de trait longue et élastique. Un modèle équipé d’un amortisseur est idéal, car cela permet de mieux absorber les chocs et les à-coups.
Le budget minimal à prévoir pour cet achat est de l’ordre d’une vingtaine d’euros.
La cani-trottinette est un sport qui demande beaucoup d’énergie : il est donc impératif d’emporter une gourde pour chien ou bien une bouteille d’eau et une gamelle (de préférence rétractable, pour gagner de la place) afin d’hydrater l’animal pendant les pauses, dans le cas de grandes balades.
Le prix d’un tel accessoire est de l’ordre d’une dizaine à une vingtaine d’euros.
Une blessure est vite arrivée lors de la pratique de la cani-trottinette, que ce soit d’ailleurs du côté du chien ou de celui du maître. Il est donc important de disposer d’une trousse de premier secours, et de prendre l’habitude de l’emporter systématiquement.
Par ailleurs, dans un endroit et une période où la chasse est pratiquée, des vêtements de couleur voyante sont de mise, voire même des petites cloches pour être bruyant.
Enfin, s’il fait nuit ou sombre, il est important de s’équiper d’une lampe frontale, de se rendre visible (gilet fluorescent, lampe de repérage…) et d’en faire de même pour son chien (harnais réfléchissant, collier lumineux…).
La cani-trottinette présente de nombreux avantages tant pour le maître que pour son animal, et leur permet de passer de bons moments ensemble.
Toutefois, comme tous les sports de traction canine, elle comporte des risques à la fois pour les deux protagonistes et pour les tiers :
Ces différents risques sont d’autant plus importants si le chien n’est pas habitué à ce genre d’activité ou a tendance à être difficilement contrôlable.
Tous peuvent néanmoins être réduits en gardant à l’esprit que ce sport doit rester un moment agréable pour les deux protagonistes, en choisissant du matériel adapté à la pratique de la cani-trottinette, et en appliquant certaines précautions.
Disposer d’un matériel de qualité et être bien préparé – voire habitué - à la pratique de la cani-trottinette ne saurait dispenser de respecter systématiquement certaines règles permettant de minimiser le risque de problèmes tant pour soi-même et son animal que pour les tiers.
Quel que soit le sport pratiqué, le maître et son chien forment une équipe indissociable. Pour que tout se passe au mieux, le premier doit donc respecter le second : ses capacités, ses envies et son rythme.
Par exemple, si l’animal ne semble pas très partant ou donne des signes de fatigue, il faut savoir en tenir compte et ne pas aller plus loin.
Avant toute séance de cani-trottinette, il convient de vérifier certains points de sécurité concernant :
Qu’il s’agisse de cani-trottinette ou de toute autre activité, il faut éviter qu’un chien effectue un effort physique intense dans les 2 à 3 heures qui suivent un repas. En effet, au-delà du fait que sa digestion pourrait être perturbée, cela lui fait courir un risque de dilatation-torsion de l’estomac. Cette affection est fatale si elle n’est pas prise en charge très rapidement, et touche tout particulièrement les plus grandes races.
Il convient également de ne pas pratiquer la cani-trottinette en cas de forte chaleur. En effet, contrairement aux humains qui ont la possibilité de transpirer sur l’ensemble de leur corps, les chiens ne peuvent réguler leur température corporelle qu’en haletant ainsi que via la transpiration de leurs coussinets. Leur capacité de refroidissement étant limitée, ils sont beaucoup plus facilement victimes d’un coup de chaleur, et celui-ci peut plus facilement s’avérer fatal. Le risque est bien sûr particulièrement élevé pour une race de chien très sensible à la chaleur.
Enfin, il est préférable que l’animal ne soit pas trop excité au départ de la balade en cani-trottinette : il doit s’être défoulé déjà un peu en extérieur avant de commencer, au risque d’être intenable. Il est conseillé d’ailleurs de démarrer freins serrés pour qu'il évite de tirer très fort et ne s’épuise dès le départ.
Selon le comportement du chien en général, la pratique de la cani-trottinette peut être à réserver à des endroits isolés, ou bien envisageable aussi dans des lieux avec du passage.
En effet, s’il a tendance à courir derrière les vélos ou à être facilement attiré par autre chose (des petits animaux qu’il voudrait pourchasser, par exemple), mieux vaut se cantonner à des lieux à l’écart, pour la sécurité de tous. Cela évite en outre de lui demander un effort de concentration trop important, ce qui pourrait l’épuiser inutilement.
En revanche, s’il est capable d’être concentré sur sa tâche sans se laisser perturber par son environnement extérieur et n’est pas du genre à changer de direction à l’improviste (voire à devenir totalement hors de contrôle), alors la pratique de la cani-trottinette peut s’effectuer quasiment partout.
Cela dit, il ne faut pas perdre de vue que pour lui aussi, évoluer dans un lieu avec du monde est plus éprouvant, même s'il est habitué à ce genre de situations : il doit déployer davantage d’efforts pour ne pas se laisser distraire tout en anticipant et évitant toutes sortes de problèmes.
En tout état de cause, le choix du terrain doit aussi être adapté au niveau de maîtrise et d’expérience des deux protagonistes : si celui-ci demeure modeste, mieux vaut éviter par exemple les parcours trop accidentés, escarpés ou jonchés de cailloux.
Lors de chaque sortie en cani-trottinette, il est vivement conseillé de prévenir ses proches, afin qu’ils puissent réagir en cas d’impossibilité de rentrer : blessure, blocage quelconque... Ils doivent connaître l’itinéraire de la balade ainsi que la durée prévue.
Du reste, prendre son téléphone avec soi est impératif, afin d’être en mesure d’alerter les secours en cas de problème.
Dans la plupart des pays et territoires, il n’existe aucun texte de loi relatif spécifiquement à la pratique de la cani-trottinette. Les règles sont donc celles qui s'appliquent à la trottinette sans moteur.
En France, l’utilisateur d’une trottinette sans moteur est assimilé par le code de la route à un piéton, et doit donc circuler sur les trottoirs. Étant donné qu’un chien ne remplace pas un moteur, c’est cette règle qui trouve à s’appliquer pour la cani-trottinette.
De plus, il faut alors :
En Belgique, la trottinette sans moteur (et donc la cani-trottinette) est définie comme « un engin de déplacement non-motorisé ».
Les règles diffèrent selon la vitesse de l’engin :
En Suisse, qu'elle soit utilisée comme mode de transport ou pour le loisir, une trottinette (propulsée par un chien ou de toute autre manière) est autorisée à circuler :
Au Québec, les règles de circulation concernant les cyclistes s’appliquent également aux trottinettes sans moteur, et donc notamment à la pratique de la cani-trottinette.
Ces engins sont autorisés à circuler sur la chaussée et doivent disposer de plusieurs équipements obligatoires, à commencer par des réflecteurs et un système de freins.
Au-delà des textes de loi, il convient aussi de raisonner en termes de savoir-vivre et de prise de risques pour soi-même et son animal, ainsi que pour les autres. En effet, la cani-trottinette requiert de la place : il est donc préférable d’éviter les endroits bondés.
En tout état de cause, il est bon de se rappeler qu’il n’est pas forcément nécessaire d’aller vite et/ou de prendre des risques inconsidérés pour s’amuser avec son chien en cani-trottinette…
Au final, à partir du moment où le maître mot reste le respect du chien et des tiers, il y a de grandes chances que tout se passe parfaitement bien !
Amusante tout en étant relativement simple à pratiquer, la cani-trottinette est une activité qui procure de nombreux bienfaits tant au maître qu’à son animal.
Si les deux compères y prennent du plaisir, il peut être judicieux d’envisager de pratiquer également un ou plusieurs autres sports de traction canine, tels que :
Peu importe le sport pratiqué, il est important en tout cas de toujours garder en tête que ce moment doit rester un moment de plaisir pour chacun des pratiquants. La relation entre eux n’en sera que meilleure et renforcée !