Le chevauchement : pourquoi mon chien grimpe-t-il sur la jambe ? 

Le chevauchement : pourquoi mon chien grimpe-t-il sur la jambe ? 

Quoi de plus désagréable qu’un chien qui s’agrippe à la jambe du visiteur en simulant l’acte sexuel ? Sans compter le risque de chute, en particulier pour un enfant ou une personne âgée...


Il est fréquent d'observer des "pseudo"-accouplements de chiens avec un congénère, le chat, leur coussin ou leur panier. S'agit-il d'un comportement naturel ou d'un acte pervers ?


Ce phénomène est perçu par beaucoup comme une demande sexuelle. Cependant, dans la plupart des cas, il s'agit simplement d'un moyen de communication du chien visant à exercer une certaine dominance. 


Voici les raisons du chevauchement chez le chien, et des solutions pour y faire face. 

Le chevauchement hiérarchique entre les chiens : un acte naturel

Le chevauchement hiérarchique chez les chiots

Le chevauchement hiérarchique chez les chiots

Le chien est un mammifère social qui vit et interagit avec d'autres individus auxquels il cherche à transmettre des informations.

 

Dès la troisième semaine de vie, les chiots s’expriment avec toutes les bases comportementales qui seront ensuite retrouvées chez l’adulte. Durant la période de socialisation des chiots, ils apprennent le langage de l’espèce. Le chevauchement du congénère, qui est inscrit dans les gènes et en fait donc partie, apparaît à cet âge-là. En effet, en mimant l'acte sexuel lors de jeux, les chiots se familiarisent avec les codes sociaux en vigueur chez les chiens adultes. 

 

Chez les chiots, le chevauchement est alors dépourvu de toute connotation sexuelle. En effet, il s'agit plutôt d'un jeu, ou encore d'un acte visant à contrôler l’autre afin de conforter sa domination. 

 

Par ailleurs, les chiots peuvent également utiliser ce moyen d'expression afin d'interagir avec leur environnement et ainsi prendre connaissance des réactions des êtres vivants qui les entourent. Ainsi, ils peuvent faire face à une forte réprobation s'il s'agit d'un chien adulte, à l'amusement de la part des maîtres qui voient le chiot affairé sur le coussin, ou à des vociférations de la part du chat qui n'apprécie pas du tout l'affront.

 

Enfin, rester neutre tout en refusant d'être spectateur de son action constitue la meilleure réaction pour le maître témoin de ces tentatives du chiot ou du chien adulte. En général, quitter les lieux calmement et sans un mot suffira à faire estomper ce genre de comportement. En effet, dans certains cas, le chiot peut pratiquer le chevauchement dans l'unique but de recevoir l'attention de son entourage. Ainsi, si il ne fait face à aucune réaction, le chiot y mettra un terme de lui-même. 

Le chevauchement hiérarchique entre chiens adultes

Le chevauchement hiérarchique entre chiens adultes

Ces mimiques interviennent également entre adultes du même sexe ou des deux sexes, en dehors des périodes de rut.

 

La plupart du temps, chez le chien adulte comme chez le chiot, le chevauchement n'a rien à voir avec un comportement sexuel. En effet, il s'agit plutôt d'un moyen d'expression sociale du chien caractérisé par le fait de mimer l'acte sexuel, sans aucune pénétration : le dominant chevauche le dominé, pour confirmer sa dominance. Quant au dominé, celui-ci accepte la soumission en adoptant une posture de soumission, afin d'apaiser le dominant. Ainsi, en général, il s’agit d’un comportement anodin exprimant la dominance.

 

Cependant, dans le cas - plus rare - où il refuse cette dominance, des mimiques faciales et des grognements menaçants peuvent s'avérer efficaces pour faire descendre l'importun.

 

Toutefois, les femelles expriment cette prise de pouvoir différemment. En effet, celles-ci procèdent plutôt à la saisie du museau ou de la gorge lors d'affrontements ludiques.  Le chevauchement est donc un comportement majoritairement observable chez les mâles. Cependant, certaines femelles dotées d'un fort tempérament peuvent également y procéder, toujours dans le cadre du divertissement ou dans un but compétitif. 

 

Produits de manière épisodique, il s'agit d'expressions naturelles du comportement. Cependant, une répétition continuelle ou obsessionnelle de ces actes peut être préoccupante. Un manque de stimulations ou la présence d'une angoisse ressentie dans le milieu où évolue le chien, ce qui est souvent le cas dans les chenils surpeuplés, peuvent engendrer ce genre de problèmes.

Le chevauchement du chien à caractère sexuel

Le chevauchement du chien à caractère sexuel

L'accouplement chez les chiens s'effectue par chevauchement. L'acte entre un mâle et une femelle en chaleur est précédé d'une parade nuptiale qui a pour fonction biologique de préparer l’activité. Dans la nature, la notion de territoire est très importante.

 

Par ailleurs, l'accès prioritaire à une femelle réceptive est uniquement réservé au mâle dominant. Une femelle en pro-œstrus se montrera ouverte aux jeux mais réticente à l'accouplement. Au contraire, lors de la période ovulatoire, elle se présentera spontanément en détournant par exemple sa queue pour inviter l’étalon à procéder au chevauchement.

 

En outre, le chien se rend parfois compte que les frottements répétés lui procurent du plaisir. Tout comme la destruction ou l’aboiement lui permettent parfois d’éprouver une sensation agréable, en l'aidant à extérioriser une certaine pression. 

 

De plus, la continence ou l'abstinence sexuelle du chien est susceptible d'encourager ce phénomène. En effet, certains individus vivent très mal le fait d'être en mesure de se reproduire sans en avoir la possibilité.

 

Enfin, une séquence de mouvements poursuivie durablement et caractérisée par des poussées du bassin peut dénoter un trouble comportemental, chez le mâle comme chez la femelle.

Le chevauchement du chien : des cas de troubles comportementaux ? 

Le chevauchement du chien : des cas de troubles comportementaux ? 

Effectué envers des personnes, ce comportement peut s'avérer gênant, voire même dangereux. En effet, des individus fragiles comme des enfants ou des personnes âgées peuvent se blesser en tombant ou être victimes de griffures...

 

Les chiens qui tentent de montrer une certaine dominance, ceux n'ayant pas intégré la place qui revient au chien dans la hiérarchie familiale ou ayant un maître trop permissif sont susceptibles de produire ce genre d'actions. 

Par ailleurs, ce comportement est observable chez des chiens n’ayant pas bénéficié d'une socialisation correcte en tant que chiots. En outre, l'identification sexuelle se développe pendant la période de l’imprégnation du chien et aura des conséquences dans sa vie adulte. Par conséquent, s’il voit très peu de chiens, dans le cadre d'un départ prématuré de l'élevage qui l'a vu naître, ou pire encore s’il n’en voit aucun (cas du chiot orphelin élevé au biberon), il sera susceptible de considérer l’être humain comme faisant partie de son espèce. Ainsi, l’odeur d’une femelle en chaleur présente sur une personne pourra contribuer à une certaine confusion.

 

D'autre part, des cas de chiens ou de chats élevés avec des poules puis ayant ultérieurement tenté de copuler avec ont été reportés.  

Enfin, il est nécessaire de différencier d'une part une excitation passagère due à la perception d'effluves de phéromones d’une femelle en rut, qui accentue la frustration du mâle et, d'autre part, la manie sexuelle permanente de l’animal qui a découvert comment s’auto-stimuler. Dans le premier cas, il risque de s’exciter sur un meuble, un coussin, ou la jambe du maître. 

Comment réagir face au chevauchement ?

Comment réagir face au chevauchement ?

Lors d'un chevauchement hiérarchique, le chien affirme son autorité sur l'individu ou l'objet chevauché. Ainsi, le laisser faire équivaut à approuver cette volonté de domination. Par conséquent, éradiquer ce comportement est nécessaire afin de rappeler à son chien qui est le maître.

 

L'éducation doit commencer le plus tôt possible. Ainsi, il est possible de détourner l'attention d'un chiot qui tente de produire ce genre de comportement en débutant des jeux avec lui. 

Chez le chien comme chez le chiot, la meilleure manière de réagir en cas de récidives consiste en la mise en place de corrections comme par exemple une mise à l’écart ou encore une élévation de la voix ordonnant fermement au chien d'arrêter immédiatement. Ainsi, ces sanctions lui indiquent d'une part qu'il est exclu provisoirement du groupe et que d'autre part, son maître n'approuve pas du tout ce genre de comportement.

 

Dans certains cas, il est même possible d'avoir recours à un effet de surprise, comme la projection d’eau ou la mise en place d'un collier à citronnelle ou à air déclenchable à distance, lorsqu'il tente par exemple de chevaucher un enfant.

 

Avant d'agir, il est cependant nécessaire de connaître les raisons qui poussent le chien à produire ce genre de comportement. Il peut s'agir d'une frustration sexuelle, d'une tentative de dominance ou tout simplement d'un jeu lui permettant de dépenser son énergie. Ainsi, l'anticipation - ou en dernier recours la punition - doit être adaptée à la cause qui pousse le chien à procéder au chevauchement.

 

Par ailleurs, si ce comportement prête à faire sourire, notamment dans le cas de visiteurs ayant un contact avec le chien pour la première fois, il est nécessaire d'éviter de rire. En effet, une telle réaction pourrait encourager l'animal. 

 

En dernier recours, la castration du chien est une solution envisageable lorsqu'une reproduction n'est pas prévue ou si il est sans pedigree. Si l'animal est opéré avant la puberté, le comportement sera inexistant. Au contraire, chez un chien adulte, ce phénomène persistera près d’un an à cause de l’expérience acquise.

Conclusion

Lorsque le chien s'agrippe aux jambes de son maître ou à celles de ses visiteurs, il est parfois tentant de penser qu'il fait preuve d'une certaine obsession.

 

Cependant, le chevauchement du chien ne se rapporte pas toujours à l'activité sexuelle. En effet, attribuer spontanément à ce comportement une connotation sexuelle équivaut à comparer le comportement d'un individu d'une autre espèce, pourvue de codes différents, avec les codes propres à l'espèce humaine. De ce fait, ce genre d'analyse erronée est susceptible d'engendrer des erreurs d'interprétation.

 

Ainsi, dans beaucoup de cas, cette attitude ne représente qu'une tentative d'imposition de sa supériorité hiérarchique. Ainsi, il s'agit d'un comportement social, dont le but est de vérifier, affirmer ou récupérer son statut par rapport à l'autre. 

 

Par ailleurs, il peut s'agir d'un moyen de dépenser son énergie, lorsque le chien ne dispose pas d'autres moyens d'y procéder. Dans ce cas, il est indispensable de proposer davantage de jeux au chien, et de lui accorder des promenades régulières. 

 

En conclusion, l'anticipation est le meilleur moyen de réagir face au chevauchement du chien. En revanche, dans le cas de chevauchements effectués de manière récurrente, des punitions adéquates doivent être mises en place.

Dernière modification : 06/13/2018.

Commentaires sur cet article

Je n'aimerais pas qu'on se mêle de ma vie sexuelle, je respecte donc celle de mes animaux non opérés, y compris dans leur choix de partenaires. Et je ne comprends pas cette peur qu'on les propriétaires de chiens de petite taille que leur chienne fasse des petits : les chiots de petites tailles sont devenus très difficiles à trouver, ou bien vraiment très chers. Les pauvres ont aussi le droit d'avoir un chien, et c'est souvent un petit chien (petits budget alimentaire, petits logements)qui est le plus approprié. Je n'ai pas trouvé de chiot à adopter à moins de 200km de chez moi ! (Mais des jeunes adultes à refiler, ça se trouve, je connais très très peu de personnes qui aient eu leur chien bébé)

Il arrivait souvent que ma petite chienne monte sur ma jambe - généralement en public, naturellement ! - et je devais "me défendre" et l'empêcher de le faire. Ma mère a elle deux chiennes mère et fille et la fille monte de temps à autre mais régulièrement sur sa mère, qui se laisse faire ! Sachant que ce comportement est naturel, on les laisse dans leur relation.

   
Par CocciNim

Auteur

Fondateur de l'Ecole du chiot et de la méthode naturelle.

Éthologue de terrain (loups sauvages).

Formateur pour les comportementalistes, éducateurs, éleveurs, etc.

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