Apprendre le « Non » à son chien : méthode et conseils

Un homme dit non à son petit chien assis sur une table

On a beau adorer son chien, cela n'empêche pas qu'il a souvent une sacrée propension à faire toutes sortes de bêtises. Et s'il est vrai que les représentants de la gent canine sont globalement nettement moins désobéissants que les chats, il n'en demeure pas moins tout aussi vrai qu'ils sont très doués pour faire la sourde oreille quand cela les arrange.


Un moyen de faire en sorte que les interdits soient mieux respectés est d'apprendre à son chien le « Non » : ce n'est certes pas l'ordre le plus facile à enseigner, mais son utilité est réelle dans bien des situations - y compris certaines qui pourraient être dangereuses pour lui et/ou pour les autres.

En quoi consiste l'ordre « Non » ?

Une jeune femme dit non à son Poméranien pour l'éduquer

Ce que l'on appelle couramment le « Non » dans le vocabulaire de l'éducation canine est un ordre qui permet de faire comprendre à un chien que ce qu'il s'apprête à faire est interdit, afin qu'il ne le fasse pas.

 

C'est le mot « non » qui est le plus souvent utilisé à cette fin, raison pour laquelle on désigne cet ordre ainsi. Néanmoins, l'appellation exacte est en fait « renoncement », puisque cela consiste à faire en sorte que le chien renonce à ce qu'il était sur le point de faire dès lors qu'on le lui demande.

Pourquoi apprendre le « Non » à son chien ?

Enseigner le « Non » à son chien a plusieurs avantages, mais le principal est qu'il vaut mieux prévenir les bêtises plutôt que de le réprimer une fois qu'elles ont été commises.

Parce que c'est plus efficace que de le gronder

Un jeune chiot noir mâchouille des chaussures

L'un des avantages du « Non » est que cela permet d'agir avant que le chien ait fait des bêtises, ce qui est beaucoup plus efficace que de le gronder ou de le punir après coup.

 

En effet, il ne comprend pas forcément que ce qu'il fait est mal quand par exemple il joue avec une paire de chaussures, chipe un morceau de nourriture posé sur la table ou fait ses besoins à un endroit inadapté. Le fait de le gronder après coup n'a donc pas beaucoup de sens à ses yeux, a fortiori si la punition arrive longtemps après la bêtise : cela risque simplement de susciter du stress chez lui, ce qui in fine soulève encore plus de problèmes que cela n'en règle.

 

Ainsi, il vaut largement mieux dissuader un chien de mal agir que de le laisser faire et ensuite le punir.

Parce que ça permet d'éviter des accidents

Une femme secourt un Poméranian renversé par une voiture

Si beaucoup de bêtises sont plus embêtantes que réellement problématiques, ce n'est pas le cas de toutes.

 

En effet, certaines bêtises ont des conséquences graves et parfois même irréversibles. C'est le cas par exemple si le chien s'empoisonne en avalant un produit chimique (antigel, mort-aux-rats...) ou s'il se fait renverser après s'être soudainement lancé sur la route afin de poursuivre un petit animal ou un véhicule.

 

Enseigner à son compagnon l'ordre « Non » permet donc d'éviter des accidents graves, en donnant la capacité de l'arrêter avant qu'il ne commette l'irréparable.

Parce qu'un chien a besoin de limites

Un chiot Border Collie assis devant une barrière dans une maison

Pour être efficace, éduquer un chien doit se faire avec bienveillance ;  recourir à la violence physique et/ou verbale serait contre-productif. Pour autant, cela ne signifie aucunement qu'il ne faut pas lui fixer de limites.

 

En effet, pour être épanoui, il a besoin qu'on définisse des règles et un cadre de vie constants : cela lui permet de savoir ce qu'il a le droit de faire et ce qui lui est interdit. Sans cela, il risque de vivre dans un stress permanent, de peur de ne pas savoir où se trouve sa place dans le foyer.

 

Travailler le renoncement permet de lui faire assimiler les interdits (les pièces où il n'a pas le droit d'entrer, les meubles sur lesquels il ne doit pas monter, les comportements qu'il ne doit pas adopter...), et ce faisant de définir un cadre de vie clair pour lui.

Parce que cela lui apprend à gérer sa frustration

Un chien vole un beignet posé sur la table

Comme un humain, un chien peut ressentir de la frustration s'il ne parvient pas à faire ou à obtenir immédiatement ce qu'il souhaite. C'est une réponse émotionnelle naturelle qui le pousse à combler ses besoins élémentaires (chasse, nourriture, reproduction...), mais qui peut poser problème dans le cadre de la cohabitation avec des humains et/ou d'autres animaux.

 

En effet, un chien qui ne sait pas bien gérer sa frustration développe des comportements indésirables voire dangereux (stress, gémissements, aboiements, grognements, pincements, morsures...) envers celui qui lui refuse ce qu'il réclame : nourriture, jouet, accès au lit ou au canapé...

 

Le renoncement est justement un bon moyen de lui enseigner l'auto-contrôle et la patience. Il apprend ainsi à obtenir ce qu'il convoite en se comportant conformément à ce qu'on attend de lui, plutôt que par l'agressivité.

La méthode pour enseigner le « Non » à un chien

La méthode pour apprendre le « Non » à un chien n'est pas bien complexe, mais mieux vaut s'y prendre progressivement. En outre, il faut faire preuve de patience, car elle peut mettre du temps avant de porter ses fruits.

Choisir le bon mot pour l'ordre « Non »

Un chien Carlin assis sur le canapé

Bien que le mot le plus couramment utilisé pour interdire quelque chose à son chien soit « Non », rien n'empêche d'en employer un autre à la place. Utiliser un terme autre que « Non » est même plutôt recommandé, car celui-ci est fréquemment utilisé au cours d'une journée, en toutes sortes d'occasions, et bien souvent alors qu'on ne s'adresse absolument pas à son chien : ce dernier risquerait d'avoir du mal à distinguer quand le propos lui est destiné et quand ce n'est pas le cas.

 

Ainsi, beaucoup de maîtres lui préfèrent l'expression « Tu laisses ! », mais le choix est en réalité assez large. L'essentiel est d'opter pour un ordre plutôt court (pas plus de deux ou trois syllabes) et qui ne ressemble pas à un autre qu'il connaît déjà ni à son propre nom, afin d'éviter qu'il ne puisse les confondre.

Les premiers essais

Un chien confus renifle un biscuit que son maître lui montre

Comme le renoncement n'est pas un exercice facile, il est recommandé de commencer l'apprentissage dans un environnement pauvre en stimulations, afin que le chien ne soit pas distrait par ce qu'il se passe autour : passants, véhicules, autres animaux...

 

Pour les premiers essais, il faut opter pour un objet qui lui plaît mais sans pour autant qu'il en raffole : cela peut être par exemple des croquettes, ou un de ses jouets habituels. On prend la chose en main, puis on lui tend la main ouverte comme pour l'inciter à s'en saisir.

 

Lorsqu'il s'approche et juste avant qu'il ait le temps de s'en emparer, on lui dit « Tu laisses ! » (ou l'ordre qui a été choisi) d'une voix ferme mais sans crier.

 

Deux situations sont alors possibles :

  • s'il s'arrête, hésite, détourne le regard ou fait mine de reculer, il faut bien le féliciter à l'oral, puis lui donner l'objet qu'il s'apprêtait à prendre ;
  • si en revanche il ne renonce pas malgré l'ordre, c'est probablement que l'objet était trop intéressant à ses yeux. Il ne faut pas alors le punir, mais simplement opter la fois suivante pour un objet moins attrayant.

 

L'exercice doit être répété jusqu'à ce que le chien s'arrête parfaitement dès qu'il entend l'ordre, sans hésiter. Normalement, il faut pour cela entre 10 et 20 séances.

Augmenter peu à peu la difficulté

Un homme montre des friandises à un Akita Inu

Au fur et à mesure des séances et des progrès du chien, il est possible d'augmenter progressivement la difficulté, en :

  • l'entraînant dans des endroits avec un nombre croissant de stimulations ;
  • lui demandant de renoncer à des objets de plus en plus attractifs ;
  • augmentant la distance entre lui et l'objet auquel il doit renoncer.

 

À chaque fois qu'il agit correctement, la récompense doit être proportionnelle à la difficulté : par exemple, il faut le féliciter davantage si on lui demande de renoncer à un morceau de viande qu'à une croquette.

 

Si en revanche il ne s'interrompt pas alors qu'on le lui demande, il est inutile - et même contre-productif - de le gronder ou de le punir. Mieux vaut revenir à l'étape précédente pendant quelques séances, puis retenter sa chance.

À quel âge apprendre le « Non » à son chien ?

Un jeune chien assis au pied de son maître

Dans l'idéal, il est préférable d'enseigner le renoncement à son chien dès son arrivée dans le foyer, car c'est grâce à cela qu'il sera ensuite possible de lui faire comprendre ce qu'il a le droit de faire ou non.

 

Sans cet ordre, il risque d'être difficile de définir les règles de cohabitation et de lui poser des limites. Or, plus on tarde à le faire, plus il prend de mauvaises habitudes, et plus il devient compliqué ensuite de rectifier son comportement. C'est d'ailleurs pour cette raison que le renoncement fait partie des choses à apprendre en priorité à son chien.

 

Néanmoins, il peut en réalité être éduqué à tout âge : si personne ne lui a appris le renoncement alors qu'il était encore petit, il reste possible de le lui enseigner plus tard. Cela prend simplement plus de temps et demande davantage d'efforts que si on le fait lorsqu'il est encore jeune. Dans le cas où les mauvaises habitudes sont vraiment bien ancrées, il peut même s'avérer nécessaire de solliciter un expert en éducation canine pour réussir à parvenir à ses fins.

Les règles pour enseigner le « Non » à un chien

Pour que l'ordre « Non » s'avère efficace, il est essentiel de respecter certaines règles afin de ne pas l'utiliser n'importe comment : à défaut, il pourrait s'avérer contre-productif.

Ne pas l'utiliser à tort et à travers

Un chien au regard inquiet allongé sur le sol

Le « Non » doit être utilisé pour définir un cadre et des règles de cohabitation, pas pour interdire tout et n'importe quoi. En effet, pour être bien dans sa tête, un chien doit disposer tout de même d'une certaine liberté au quotidien ; si les interdits se multiplient, il a de grandes chances de développer une forme de stress.

 

Ainsi, cet ordre doit être utilisé essentiellement pour :

  • lui interdire l'accès à certaines pièces : les chambres, la cuisine... ;
  • lui interdire de monter sur certains meubles : par exemple le canapé, les lits... ;
  • l'empêcher de faire ses besoins au mauvais endroit ;
  • l'empêcher d'attraper certains objets dangereux pour lui : produit toxique, sac plastique...

 

En dehors de tels cas de figure, mieux vaut éviter d'y recourir et agir plutôt de manière différente : par exemple, veiller à ne pas laisser traîner d'objets au sol pour éviter d'avoir à l'arrêter avant qu'il ne les prenne. Cela permet de faire en sorte qu'il vive dans un environnement serein, sans avoir l'impression de se faire réprimander en permanence.

Agir avec constance

Un Carlin assis sur un canapé

Comme pour les autres ordres, il est essentiel de faire preuve de constance avec le « Non ». En effet, il n'y a pas pire pour un chien qu'une situation où on lui interdit quelque chose qu'à d'autres moments on le laisse faire : c'est le meilleur moyen qu'il soit perdu.

 

Cela signifie aussi que cet ordre doit être utilisé de manière harmonisée par les différents membres du foyer : il ne faut pas par exemple que telle personne interdise quelque chose que telle autre autorise.

 

Cette nécessaire cohérence dans le temps et d'une personne à l'autre implique aussi qu'il faut choisir les interdits avec précaution : en effet, on doit vouloir les faire respecter en toutes circonstances, et pas seulement dans certaines occasions. Par exemple, interdire à un chien de monter sur le canapé ou d'entrer dans la chambre n'a de sens que si cette règle est valable tous les jours, et pas seulement quand il rentre tout sale du dehors.

Eviter les interdits trop abstraits

Un chiot Carlin avec un air interrogatif

Pour que le « Non » soit efficace, mieux vaut le réserver à des interdits bien concrets et faciles à comprendre, et éviter d'y avoir recours dans des situations assez floues. En effet, même si un chien est très intelligent, il n'est pas en mesure de comprendre des notions trop abstraites, et cerne beaucoup mieux les ordres et interdits bien précis.

 

Par exemple, il est parfaitement capable d'assimiler qu'il ne doit pas monter sur tel meuble ni prendre tel objet dans sa gueule ; en revanche, il est beaucoup plus difficile pour lui de comprendre qu'il ne doit pas se rendre dans telle partie d'une pièce s'il n'existe pas de limite physique à cette zone (barrière, porte...).

 

Il peut aussi avoir beaucoup de mal à identifier lequel de ses gestes est problématique dans une situation complexe. Par exemple, s'il se fait réprimander alors qu'il accueille quelqu'un avec entrain, il ne devine pas forcément ce qui lui vaut cette remontrance : est-ce le fait de s'approcher de cette personne ? De lui sauter dessus ? D'aboyer ? D'être dans cette pièce ? Les quatre à la fois ?

 

Réserver le « Non » à des interdits concrets et qu'il peut facilement cerner est le meilleur moyen qu'il les intègre bien, et donc ensuite qu'il les respecte.

Proposer une alternative

Une jeune femme donne un jouet à son chiot Beagle

Interdire, c'est bien ; proposer autre chose, c'est encore mieux. En effet, pour que l'ordre soit efficace, il ne suffit pas de dire non : il faut également montrer au chien la bonne attitude à adopter, et le féliciter quand il s'est exécuté. C'est le meilleur moyen pour qu'il ne reproduise pas le mauvais comportement et se tourne spontanément vers le bon.

 

Pour lui proposer une alternative lorsqu'il s'apprête à commettre une bêtise, on peut par exemple :

  • s'il veut monter sur le canapé, le conduire plutôt jusqu'à son panier ;
  • s'il tente de mordiller un meuble ou un vêtement, lui donner à la place un de ses jouets ;
  • s'il s'apprête à faire ses besoins à l'intérieur, l'emmener immédiatement dehors pour qu'il s'y soulage ;
  • s'il cherche à entrer dans une pièce interdite, le raccompagner jusqu'à une autre où il a le droit d'aller ;
  • s'il est sur le point de sauter sur quelqu'un ou de se lancer à la poursuite de quelque chose, lui dire de s'asseoir voire de s'allonger sur le sol.

 

Une fois qu'il a accepté l'alternative qu'on lui a proposée, il faut bien penser à le féliciter, pour qu'il comprenne qu'il a plus à gagner en agissant bien qu'en ne respectant pas les interdits.

Petite vidéo récapitulative

Conclusion

L'ordre « Non » n'est pas très difficile à enseigner, à condition toutefois de faire preuve de patience. En effet, cela n'a rien d'évident de faire comprendre à un chien qu'il doit renoncer quand on le lui demande, plutôt que de céder à son instinct et son envie du moment. Néanmoins, avec la bonne méthode et suffisamment de patience, les résultats finissent par être au rendez-vous.

 

Toutefois, lui apprendre à renoncer ne suffit pas, car cet ordre ne peut être efficace que s'il est utilisé à bon escient, c'est-à-dire dans seulement quelques situations particulières. En cas de doute, il ne faut pas hésiter à solliciter un éducateur canin : ce dernier pourra proposer des moyens de ne pas avoir à employer cet ordre à tort et à travers.

Par Aurélia A. - Dernière modification : 03/20/2024.