Le chien viverrin, ou tanuki : morphologie, lieu et mode de vie...

Le chien viverrin, ou tanuki : morphologie, lieu et mode de vie...

Véritable icône de la culture japonaise, le chien viverrin ressemble davantage à un raton laveur qu'à nos toutous domestiques. Pourtant, il s'agit bien d'un canidé !


Il n'y a pas que par son apparence que cet animal se distingue : par exemple, c'est la seule espèce de cette famille qui hiberne.


Il a longtemps été apprécié et même élevé pour sa fourrure, mais est aujourd'hui considéré en Europe comme un nuisible.

Classification et histoire du tanuki

Tête d'un chien viverrin

Le chien viverrin, aussi connu sous les noms de tanuki et de chien-martre, est un canidé de petite taille ressemblant fortement à un raton-laveur. Il est d'ailleurs appelé « Racoon Dog » en anglais et « Wasbeerhond » en néerlandais, c'est-à-dire littéralement « chien raton-laveur ».

 

Il a été baptisé « viverrin » en raison de sa ressemblance aux viverridés, une famille de petits carnivores comprenant notamment les civettes et les genettes. Il existe d'ailleurs également un Chat Viverrin, qui est nommé de la sorte pour la même raison.

 

Le nom scientifique du chien viverrin est Nyctereutes procyonoides. Ce dernier appartient donc au genre Nyctereutes, qui compte une dizaine d'espèces, dont la quasi-totalité sont éteintes : le tanuki est le seul canidé de ce genre encore vivant à l'heure actuelle. Il en existe 5 sous-espèces, qui se différencient notamment par leur habitat et leur gabarit.

La morphologie du chien viverrin

La morphologie du chien viverrin

Avec son pelage ressemblant fortement à celui du raton laveur et sa tête fine et allongée comme celle du renard, le chien viverrin n'a pas grand-chose à voir avec nos chiens domestiques.

 

Plutôt petit et court sur pattes pour un canidé, il mesure environ 40 cm de hauteur et 50 à 70 cm de longueur (tête et corps), pour un poids d'à peine 5 à 10 kg en moyenne. Il a donc globalement le gabarit d'un chien de petite taille. Sa queue touffue peut attendre 25 cm de long. Les spécimens vivant en Asie sont généralement plus petits que ceux d'Europe.

 

Un chein viverrin sur l'herbe

Ce qui rend le tanuki aussi reconnaissable, c'est surtout sa fourrure atypique. En effet, ses poils sont denses, épais, longs et soyeux sur l'ensemble du corps -  y compris la queue et la face. Il est également le seul canidé à posséder un masque facial : celui-ci prend la forme de larges zones noires autour des yeux, qui dénotent avec le poil plus clair du reste du visage. La poitrine et les pattes sont également noires.

 

Le reste de la fourrure peut aller du gris au beige en passant par le brun clair, et les poils de couverture sont noirs à leur extrémité. Cette particularité appelée ticking est également présente chez quelques races félines comme l'Abyssin, ainsi que chez le Manul, un chat sauvage ressemblant aussi peu à un félin que le chien viverrin à un canidé.

 

Malgré leurs ressemblances évidentes, il existe quelques différences entre le tanuki et le raton laveur : en effet, ce dernier a une queue annelée et un masque facial couvrant également le nez, alors que chez le canidé, la queue est de couleur unie et le masque n'est présent qu'autour des yeux.

La répartition géographique du tanuki

Un chien viverrin marche dans une forêt

Le chien viverrin fait partie des quelques mammifères dont l'aire de répartition n'a pas été réduite par l'Homme : elle s'est même au contraire agrandie ces dernières décennies.

 

En effet, jusqu'au début du 20ème siècle, sa présence se limitait à l'Asie orientale, notamment l'est de la Russie, la Chine, la Mongolie, le Vietnam, la Corée et le Japon. Puis, divers pays d'Europe ont commencé à s'y intéresser en raison de son poil si particulier, idéal pour fabriquer des vêtements chauds. Des élevages y ont donc été lancés et des lâchers de chiens viverrins dans la nature ont été réalisés à partir de 1928 dans divers pays, dont l'Ukraine, la Russie, la Biélorussie et la Moldavie.

 

À partir de 1940, l'élevage de chiens viverrins s'est intensifié en Europe, car leur fourrure était particulièrement appréciée par l'armée soviétique pour confectionner des vêtements. Mais après la fin de la Seconde Guerre mondiale, les besoins en fourrure ont fortement décru : nombre d'élevages ont donc fermé et les animaux restants (plus de 9000 d'après les estimations des spécialistes) ont été libérés entre 1948 et 1955, grossissant le rang de ceux qui avaient été introduits précédemment. Comme l'habitat en Europe centrale est propice au développement de l'espèce et que cette dernière se reproduit rapidement, elle s'y est considérablement répandue.

 

Le tanuki est donc désormais présent - et même bien implanté - dans de nombreux pays d'Europe occidentale dont l'ouest de la Russie, l'Ukraine, les pays baltes, l'est de la Pologne et de la Roumanie, le sud de la Finlande et même l'Allemagne. D'après l'ouvrage bibliographique intitulé Le chien viverrin en France réalisé par François Léger et Sandrine Ruette en 2005, le nombre de chiens viverrins abattus par des chasseurs en Allemagne est passé de 12 au cours de l'année 1992 à plus de 18.000 en 2004, ce qui témoigne de l'explosion de sa démographie dans le pays. Pour ce qui est de la France, la Belgique ou encore la Suisse, des individus y sont régulièrement observés depuis la fin du 20ème siècle, mais il semble que les populations restent pour l'instant très marginales.

L'habitat du chien viverrin

Un chien viverrin marche dans la neige en hiver

L'habitat de prédilection du tanuki consiste en des lisières de forêt et des zones de végétation dense (sous-bois épais, marais, roselières...), situées de préférence à proximité de zones d'eau.

 

Cela étant, il s'adapte assez facilement et n'hésite pas à s'approcher de l'être humain : on peut par exemple l'apercevoir à proximité des habitations, un peu comme le renard. De plus, grâce à son pelage épais et sa capacité à hiberner, il peut vivre sans problème dans des climats froids : des individus ont ainsi été observés jusqu'à 3000 mètres d'altitude.

Le comportement du chien viverrin

Le comportement du chien viverrin

Même si le tanuki s'est grandement répandu en Europe - au point d'être considéré comme nuisible -, son comportement est encore mal connu des spécialistes, notamment parce qu'il s'agit d'un animal discret.

 

Il est également solitaire, même si certaines observations laissent penser qu'il peut vivre en couple ou en petits groupes. Lorsque cela se produit, il ne semble pas y avoir d'organisation basée sur une hiérarchie complexe, contrairement à ce qu'on constate par exemple au sein d'une meute de chiens ou de loups.

 

Par ailleurs, le chien viverrin est actif essentiellement de nuit. Toutefois, là encore, certains spécimens se distinguent en l'étant pendant la journée ou au crépuscule.

 

La principale particularité de cet animal est qu'il s'agit du seul canidé encore existant capable d'hiberner lorsque les températures sont trop basses (généralement en-dessous de -5°C). Pour cela, il constitue des réserves pendant l'automne en mangeant beaucoup plus que le reste de l'année, puis il aménage un terrier et s'y "endort", dans l'attente de jours meilleurs. Pendant l'hibernation, sa température corporelle chute considérablement, son coeur bat très lentement et son organisme fonctionne au ralenti, maintenant les fonctions vitales à leur strict minimum. Puis, lorsque la météo redevient clémente, il sort de cette phase d'hibernation et son métabolisme se rétablit en quelques heures pour retrouver un fonctionnement habituel.

 

Cette capacité unique chez les canidés ainsi que son pelage long et dense lui permettent de vivre dans des régions froides comme la Russie, l'Ukraine ou la Finlande. En revanche, lorsqu'il évolue dans des zones aux températures plus clémentes, il n'a pas nécessairement besoin d'hiberner et peut rester actif tout l'hiver ou s'endormir seulement quelques jours.

L'alimentation du chien viverrin

Deux chiens viverrins se lèchent les babines

Même s'il est un carnivore, le chien viverrin n'est pas vraiment taillé pour la chasse. Il se nourrit donc plutôt de tout ce qui lui tombe sous la dent, ce qui explique qu'il est davantage considéré comme un animal opportuniste que comme un véritable prédateur.

 

Petits rongeurs, oisillons, oeufs, charognes, serpents, mollusques, insectes... sont quelques exemples de proies constituant son régime alimentaire. Lorsqu'il vit à proximité d'un point d'eau, il peut aussi attraper du poisson, des batraciens et autres petits animaux aquatiques.

 

Enfin, comme les autres canidés, il est capable de digérer des végétaux en petite quantité et en consomme donc occasionnellement : baies, fruits secs, champignons...

La reproduction du chien viverrin

Une famille de trois chiens viverrins

Le comportement reproducteur du chien viverrin est encore mal connu, car il s'agit d'un animal difficile à observer dans la nature. La plupart des données obtenues à ce jour proviennent donc d'observations d'individus en captivité, sans que l'on sache pour l'instant si elles sont valables également à l'état sauvage.

 

Comme beaucoup de mammifères, il se reproduit principalement pendant l'hiver, entre janvier et mars. La gestation dure globalement de 59 à 64 jours, c'est-à-dire à peu près aussi longtemps que la durée de gestation d'une chienne. La femelle met généralement bas dans un terrier abandonné ou simplement dans des herbes denses, et donne naissance à une portée de 5 à 7 petits en moyenne.

 

Un chiot viverrin pèse entre 50 et 120 grammes à la naissance. Comme les autres canidés, il naît sourd et aveugle, mais déjà doté d'un pelage. Il ouvre les yeux autour du 10ème jour et est sevré au bout d'un mois, âge auquel ils arbore sa fourrure définitive. Il devient adulte en 3 mois environ et atteint sa maturité sexuelle autour de 10 mois, c'est-à-dire un peu plus tard que la puberté d'un chien de gabarit équivalent.

 

L'espérance de vie du chien viverrin dans la nature n'est pas connue avec exactitude, mais est vraisemblablement comprise entre 5 et 10 ans. En captivité, il peut vivre une quinzaine d'années.

Le tanuki, une espèce menacée ?

Le tanuki, une espèce menacée ?

Contrairement à beaucoup de prédateurs, le chien viverrin n'est pas une espèce considérée comme menacée à ce jour : il est donc inscrit dans la catégorie "préoccupation mineure" par l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) et ne fait l'objet d'aucune mesure de conservation particulière dans quelque pays que ce soit.

 

Il est pourtant exposé à différentes menaces. Tout d'abord, compte tenu de sa petite taille, il fait une proie de choix pour le loup, les grands chiens, les lynx et certains grands rapaces, entre autres. Ensuite, il souffre de la chasse, de la pollution et des infrastructures de transport (de nombreux spécimens meurent dans des collisions avec des véhicules). Il est également sujet à certaines maladies que l'on retrouve également chez le chien, comme la rage ou la maladie de Carré, qui peuvent décimer des populations entières.

 

Pour l'heure, ces différents facteurs ne constituent pas une menace importante pour sa survie. Si cela venait un jour à être le cas, il devrait être possible de mettre en place des programmes d'élevage de tanukis, car il semble bien s'adapter à la présence de l'Homme et se reproduit facilement en captivité.

Le tanuki dans la culture japonaise

Des sculptures de bake tanuki à l'entrée d'une maison japonaise
Des sculptures de bake tanuki à l'entrée d'une maison japonaise

Même si en Europe il est considéré comme un nuisible et une espèce invasive, le tanuki est très apprécié au Japon, où il est un symbole de prospérité, de réussite et de bonne fortune.

 

Il a d'ailleurs prêté ses traits au "bake tanuki" (littéralement « le chien viverrin qui se transforme »), un esprit facétieux de la mythologie japonaise possédant des pouvoirs surnaturels, comme celui de changer de forme à volonté. Cet être de légende est généralement représenté debout, avec un chapeau de paille sur la tête, un ventre proéminent, une gourde de saké dans la main et des testicules de grande taille.

 

La légende du bake tanuki remonterait à l'ère Edo (1600-1868) et continue d'être populaire de nos jours. Il n'est par exemple pas rare d'en croiser des statuettes en bois et des représentations à l'entrée des magasins, des restaurants et des maisons. Il a également inspiré divers contes et des chansons populaires au Japon, et est évoqué dans nombre de films, mangas, jeux vidéos et séries animées japonais, même récents.

Vidéo de présentation du chien viverrin

Par Aurélia A. - Dernière modification : 11/14/2020.