Pour permettre à un chien de s'habituer à une autre espèce ou à un congénère, il est primordial de comprendre l'importance des premières semaines de sa vie, que l'on appelle période de socialisation.
La socialisation du chiot est la période la plus importante de son développement. Elle débute à l'apparition de l'audition (au 21ème jour environ) jusqu'à ses trois mois. C'est durant ce laps de temps que le chiot va apprendre à connaître son environnement.
Le phénomène d'imprégnation, appelé "imprinting" en anglais et "Prägung" en allemand, a été mis en évidence d'abord par le biologiste Douglas Alexander Spalding en 1873 sur les oiseaux, puis par l'éthologue Konrad Lorenz en 1935 sur des oies cendrées. La démonstration effectuée par ce dernier n'est pas très compliquée à réaliser : il suffit de se mettre devant une couveuse et d'attendre que l'oisillon sorte de l'œuf. Celui-ci se met à suivre le premier être qu'il voit, car il le prend pour sa mère.
C'est un phénomène instinctif en interaction avec le milieu et limité dans le temps, d'une durée variable selon les espèces. Chez les espèces nidicoles, comme le chien ou l'humain, qui dépendent entièrement de leur mère à la naissance (chaleur, nourriture, protection...), cette phase dure plus longtemps que chez les espèces nidifuges comme les ovins, qui savent tout de suite marcher par exemple.
L'imprégnation fonctionne par apprentissage associatif (renforcé par la dépendance alimentaire et la proximité), apprentissage dépendant d'autres structures nerveuses. Dans le cerveau du nouveau-né se forme une image cognitive totale du parent, perçu sous différents angles de sensations : odeur, forme corporelle, contacts et émissions sonores.
Durant les 12 premières semaines de sa vie, le chiot vit une phase d'imprégnation, ou phase de double empreinte : il s'agit du moment où le jeune apprend à faire la différence entre les membres de son espèce et ceux des espèces différentes. Elle est donc divisée en deux périodes qui se chevauchent partiellement : la phase d'empreinte intra-spécifique (reconnaître les autres chiens) et la phase d'empreinte inter-spécifique (reconnaître les espèces "amies").
L'imprégnation est une étape sensible, puisqu'elle est essentielle. En effet, c'est durant cette période de sa vie que le chiot acquiert les bases de ses aptitudes sociales : toutes les informations reçues et assimilées, tous les outils de communication utilisés et compris, seront acquis, appris et mémorisés par le chiot, en général pour sa vie entière.
Cette phase a lieu approximativement les cinq premières semaines de vie du chiot. Le petit s'imprègne de ses congénères (mère, chiens adultes, frères et sœurs) et apprend les codes comportementaux spécifiques à sa propre espèce, c'est-à-dire en quelque sorte le langage des chiens.
En effet, à la naissance, le chiot n'a pas une compréhension innée des codes sociaux de son espèce : il ne sait pas qu'il est un chien. Il doit donc apprendre à se comporter en tant que tel, avec des usages précis en matière de communication et de comportement propres à la famille des canidés. C'est notamment durant cette période que le chiot apprendra la notion de morsure inhibée : s'il lui arrive de se battre avec un autre chien et que celui-ci se place sur le dos, il doit arrêter de mordre.
Cette phase est très importante pour avoir des rapports normaux avec les autres chiens plus tard, puisqu'elle permet au chiot de s'identifier à sa propre espèce. Cette identification lui permettra de reconnaître, à l'âge adulte, un canidé pour partenaire sexuel, et de ne pas courtiser une autre espèce, voire un objet.
Cela arrive parfois lorsqu'une chatte élève un chiot très tôt : il s'identifie à l'espèce féline, et adopte donc le même comportement que les félins, y compris leur comportement sexuel. Il a alors des conduites sexuelles avec des chats, alors qu'il n'en aura aucune avec d'autres chiens, puisqu'il ne se reconnaît pas comme l'un des leurs.
La même imprégnation peut avoir lieu si un humain doit s'occuper de sevrer un chiot très jeune : une fois adulte, au moment de la reproduction, le chien dirigera ses comportements sexuels vers l'espèce humaine. Ce trouble du comportement est non seulement indésirable, mais il peut de surcroît être dangereux pour les humains au moment du chevauchement s'il s'agit d'un individu de grande taille (risque physique de chute, etc.).
L'imprégnation à un objet est quant à elle beaucoup plus rare, mais reste possible si le chiot se retrouve isolé durant les premières semaines, sans contact avec d'autres individus, quels qu'ils soient. Il peut alors s'imprégner d'un objet qu'il voit bouger et qu'il prend pour un être vivant.
Cette phase, dite aussi empreinte extraspécifique, commence aux alentours de la 3ème semaine (c'est-à-dire dès lors que les sens du chien sont tous bien fonctionnels) et s'étend jusqu'à la 12ème semaine de vie du chiot, et jusqu'à la 16ème semaine pour certaines races molossoïdes.
Au cours de cette période de forte attraction sociale, le chiot apprend qu'il existe d'autres espèces que la sienne, et peut rencontrer des êtres humains, mais également d'autres espèces animales : chats, oiseaux, poissons, etc. Il y sera habitué et socialisé. Cela signifie entre autres qu'il n'identifiera pas ces animaux comme des espèces ennemies ou des proies potentielles, mais bel et bien comme des espèces amies. Un chien qui ne vit pas cette étape pendant ses premiers mois peut par la suite devenir sauvage et craintif, et se retrouver incapable de se socialiser une fois adulte.
En outre, c'est pendant cette étape d'imprégnation que le chiot va acquérir les connaissances lui permettant d'avoir des comportements normaux face à toutes les situations de sa future vie sociale : contrôle de sa mâchoire, apprentissage du langage canin, compréhension de la façon dont s'organise une meute de chiens, attachement et détachement (comment devenir autonome), etc.
Tous les contacts corporels, la lumière, les bruits, les odeurs et les interactions avec ses congénères et d'autres espèces viendront forger, sculpter et programmer richement le cerveau du chiot. Plus les sollicitations et les stimulations sont nombreuses, plus il y a de connexions neuronales et donc, plus tard, de facilité à intégrer l'inconnu et faire de nouvelles acquisitions.
Cette phase est donc le moment le plus propice pour préparer un chien à tout ce qu'il sera amené à rencontrer dans sa vie future. Cela lui permettra de faire face facilement à une variété infinie de modes de vie, où il cohabitera peut-être avec une grande diversité d'espèces animales. Il y aura ainsi moins de risques qu'il agresse un passant ou un autre chien une fois devenu adulte.
En 1967, J.L Fuller déclare que si un chiot est isolé pendant la période de l'imprégnation, il ne pourra plus s'attacher, ni aux autres chiens, ni aux humains. Une mauvaise socialisation aura donc forcément un impact négatif.
Si un chiot vit jusqu'à la 14ème semaine avec des congénères sans voir d'humains, il aura un comportement tout à fait normal avec les chiens, mais jamais avec un être humain, même si une socialisation tardive est tentée. L'animal pourra être apprivoisé et tolérera peut-être la nourriture et les contacts affectifs occasionnels (jeux, caresses...), mais ne sera probablement jamais un animal domestique.
Scott et Fuller ont fait des expériences démontrant que des chiots de 5 semaines mis en contact avec des humains les approchent facilement. Si le premier contact est à 7 semaines, ils hésitent à s'approcher. S'il est à 9 semaines, ils n'approchent pas du tout. Enfin, si la première rencontre a lieu à 14 semaines, le contact est devenu impossible, le comportement du chien étant celui d'un animal sauvage.
En 1980, Scott constate que si, entre la 3ème et la 12ème semaine, un chiot vit avec des humains sans voir d'autres chiens, il sera très à l'aise au milieu d'êtres humains, auquel il s'identifiera, mais ne supportera pas le contact avec ses congénères.
De fait, c'est pendant la socialisation que l'animal apprend à communiquer avec ses congénères ainsi qu'avec les autres espèces. Par conséquent, plus il a l'occasion d'en rencontrer pendant cette période, meilleures sont ses aptitudes sociales, et donc plus il sera à l'aise par la suite.
Le risque d'hypostimulation ou de privation sensorielle se pose lorsque l'environnement dans lequel le chiot naît et commence sa croissance est trop pauvre en stimuli et qu'il est du coup en inadéquation avec l'environnement d'adoption.
Par exemple, s'il n'a pas été habitué aux bruits de la foule ou de la télévision, il n'a pas appris que ce sont ces choses courantes, et risque de ce fait d'être angoissé voire terrorisé lorsqu'il en rencontrera pour la première fois.
Par ailleurs, ce risque est majoré selon les conditions d'élevage. Les capacités d'adaptation diffèrent en effet selon que le chien ait été suffisamment stimulé. Si cela n'a pas été le cas, il souffrira d'angoisses plus ou moins importantes face à son nouvel environnement d'adoption, qui est inconnu pour lui.
De plus, le manque de stimuli extérieurs ne favorisera pas les capacités motrices, tactiles, visuelles, auditives et olfactives futures du chien.
Au final, les risques de maladies à la suite d'une sortie stimulante sont minimes à côté des dommages psychologiques et comportementaux que peuvent engendrer une hypostimulation durant cette période.
Il s'avère que certains chiots n'arrivent pas à créer des liens avec leurs maîtres, ni à aller à la rencontre d'autres individus humains comme animaux. C'est ce que l'on appelle l'hypo-attachement, c'est-à-dire en quelque sorte un manque ou une absence d'attachement.
À l'inverse de l'hyper-attachement, qui crée souvent un problème d'anxiété de séparation chez le chien, l'attachement ne se fait pas. Ils deviennent alors des animaux très indépendants ou très réservés, qui ne se laissent diriger par personne, et qui décident seuls de leurs comportements (du moins, s'ils bénéficient d'assez de liberté pour se le permettre).
Ce sont des chiens tout aussi difficiles à gérer que ceux trop attachés à leurs maîtres, car il y a peu de prise sur eux pour les amener à coopérer. Par exemple, pour obtenir qu'ils viennent vers leurs maîtres, sans laisse, il faut au minimum qu'ils soient intéressés par eux, ce qui est souvent loin d'être le cas.
Pour éviter les nombreux problèmes de comportement liés à ce non-attachement du chien à l'être humain ou à ses congénères, les éleveurs doivent veiller scrupuleusement aux interactions sociales entre chiens durant les 8 à 12 premières semaines de sa vie, car c'est à ce moment-là que les bases essentielles sont posées.
Un milieu sans contacts avec d'autres chiens ni humains, ou une séparation trop précoce avec la mère, créent chez le chiot des dommages difficilement récupérables.
Assimilable à l'hyperactivité chez l'enfant, le syndrome Hs-Ha chez le chien le rend en permanence surexcité et l'empêche d'avoir des échanges normaux avec ses congénères. Il réagit par exemple au moindre stimuli, que cela soit une voiture qui passe dans la rue ou des bruits de pas sur le palier. Il est difficile, voire impossible, de le dresser ou de lui apprendre les ordres de base, comme assis, couché, debout.
De plus, c'est un chien obsessionnel, qui peut jouer des heures sans se fatiguer ou aboyer longtemps pour rien. Un chien souffrant de Hs-Ha aura aussi du mal a contrôler sa morsure inhibée durant les jeux, faisant mal sans faire exprès, parce qu'il souffre d'un déficit d'autocontrôle. L'individu atteint de ce syndrome est souvent destructeur, malpropre et/ou voleur.
L'origine de ce problème de comportement peut être à chercher du côté de la mère, pendant la période où il était chiot. Si elle ignore ses petits, est craintive ou immature, n'a pas elle-même acquis les autocontrôles, ou tout simplement si le chiot en est séparé trop tôt, il souffrira d'un manque de maternage potentiellement préjudiciable.
Le syndrome Hs-Ha ne se calmera pas tout seul. Au contraire, il pourra évoluer et s'aggraver : le chien peut par exemple développer de l'anxiété de séparation ou devenir réellement incontrôlable. En effet, un animal qui aboie beaucoup, détruit tout et n'écoute pas, peut finir à la longue par épuiser son propriétaire. Ce dernier risque de lui céder alors beaucoup, voyant cela comme le prix de la tranquillité. Mais c'est un piège dont il est difficile de sortir, car cela revient à donner au chien des prérogatives de dominant. Or, un chien souffrant du syndrome Hs-Ha dominant est dangereux, surtout s'il y a des enfants.
Pour soigner ce syndrome, seuls des médicaments prescrits par un vétérinaire et la mise en place d'une thérapie avec un comportementaliste canin aideront le chien à se calmer : il lui faut (ré)apprendre les autocontrôles.
Bonjour à tous et désolé si ma question est légèrement hors-sujet. Je voudrais savoir si il est possible pour une chienne d'obtenir 18 chiots comme ici :
http://mimibuzz.com/image/pas-cool/maman-chien-plein-chiots
Cela me semble excessif. Une chienne peut-elle vraiment s'occuper d'autant de petits ?
Merci beaucoup pour votre article !!! très instructif.
Notre chienne une bouledogue français a mis bas il y a 8 jours et c'est la première fois pour nous donc pas facile de savoir comment bien faire avec ces tites bêtes. bonne continuation
Cette page est sans aucun doute une des meilleures sources d'informations qu'il m'est été donné de trouver sur internet. Pour la construction de l'article et les références chapeau et merci, j'ai trouvé directement les infos que je cherchais et sa clarté m'aidera certainement à retenir l'ensemble.
cette article est tres construtif
pour moi
car ma chihuahua viens de mettre bas,pas toujour façile car les chiots sont petit
merçi
Pas "loyal" de recopier ce qu'ont écrit d'autre auteurs? Citez-les et la boucle est bouclée! Comme souvent sur internet j'ai trouvé votre article "par hasard", et bien ce fut instructif et assurément utile! Bonne continuation!
Très intéressant! Même si je ne venais pas pour sa, cet article m'a permis de comprendre le tempérament très peureux de mon chien, aillant vécu ses premières années dans un squat.. Voila bien instructif aussi car ma chienne viens de mettre bas! Merci beaucoup.
Lisant le début de l'article, j'ai justement eu l'idée d'emmener mon futur chiot devant une école, car nous n'avons qu'un tout petit bébé dans la famille. J'ai souvent des intuitions d'éducation que je retrouve parmi les conseils éducatifs des professionnels. J'en déduis que je connais bien les chiens, même si je reste persuadée que je n'en saurai jamais assez à leur sujet.
Un article très utile, à faire découvrir autour de soi !
Bonjour,
J'ai un shit-tzu mâle de 4 1/2 ans.Je l' ai eu à 2 1/2 ans. Sa propriétaire était aveugle et le chien ne sortait jamais de la maison.
Maintenant,il socialise difficilement avec les autres chiens,bien qu' il ne soit aucunement craintif, au contraire. Est-il trop tard ?
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