L'histoire du Terre-Neuve

La genèse du Terre-Neuve

Appelé affectueusement « Newfie » par les anglophones, le Terre-Neuve est issu de l’île canadienne du même nom, située au nord-est du pays.

 

Plusieurs théories contradictoires existent quant à l’origine de cette race. Toutefois, à défaut de preuves tangibles, il s’agit plus de spéculations que de faits avérés.

 

Ainsi, certains prétendent qu'elle descend des chiens accompagnant les Vikings autour de l’an mille, qui se seraient par la suite reproduits avec le loup de la région. D'autres affirment qu’il est issu de croisements entre le Mastiff Portugais, amené par les pêcheurs portugais au 15ème siècle, et le Loup Noir d’Amérique, désormais éteint. Enfin, une troisième théorie estime qu’il est le descendant du Chien de Montagne des Pyrénées, emmené à Terre-Neuve par des pêcheurs basques aux 15ème et 16ème siècles.

 

Dans tous les cas, il est avéré qu'il descend du Chien de Saint-John, l’ancêtre du Terre-Neuve et des retrievers, qui lui-même serait apparu au gré de croisements entre diverses races (locales et importées), mais est aujourd'hui disparu.

 

Comme son ancêtre, le Terre-Neuve était un excellent nageur à la carrure imposante, et ne craignait pas les eaux glacées : il portait assistance aux pêcheurs locaux en sauvant les hommes tombant à l’eau, en ramenant les filets sur le rivage et en transportant la pêche du jour sur le marché. Sa robustesse lui permettait également de se rendre utile sur la terre ferme en tractant des charges allant jusqu’à 900 kg. Il était ainsi utilisé par exemple pour tirer des charrettes de courrier et de lait.


Il fut toutefois pris pour cible dans les années 1780 par une loi interdisant d’en posséder plus d’un par famille et imposant une taxe à celles qui en possédaient. Le but de cette restriction reste assez flou, mais il semble que les autorités de cette époque souhaitaient promouvoir l’élevage de moutons, et que ce chien était une menace potentielle pour ces derniers.

 

Cette réglementation entraîna une réduction drastique de la population de la race. Toutefois, des documents d'archives rapportent qu’ils en restait quand même environ 2000 en 1824 rien que sur l'île de Terre-Neuve.

La diffusion internationale du Terre-Neuve

La diffusion du Terre-Neuve en Grande-Bretagne

 

C’est vers la fin du 18ème et le début du 19ème siècle que le Terre-Neuve, ayant marqué les esprits de visiteurs étrangers, commença à se faire connaître en dehors de son pays. L’explorateur George Cartwright (1739-1819), connu pour avoir ramené des chiens Inuits en Grande-Bretagne, fut semble-t-il le premier à décrire la race, qu’il avait découverte lors de ses expéditions. Le botaniste anglais Sir Joseph Banks (1743-1820) ramena quant à lui plusieurs spécimens en Angleterre.

 

Grâce à son aptitude à aider les humains tant sur la terre ferme qu’en mer et à son dévouement, il y connut rapidement un énorme succès, que ce soit auprès des classes populaires ou des classes nobles, et ne tarda pas à y faire l’objet d’un programme d’élevage intensif.

 

Il accompagnait là aussi les marins et les pêcheurs sur les bateaux, devenant au 19ème siècle un sujet d’inspiration littéraire et artistique. Ceci contribua à renforcer sa popularité et à ancrer à jamais l’image d’un compagnon courageux et fidèle, qui n’hésite pas à se sacrifier pour sauver des humains. 

 

Une présentation officielle de la race eut d'ailleurs lieu au cours d'une des toutes premières expositions canines de l'ère moderne, en 1860 à Birmingham. Elle aussi contribua à renforcer sa popularité.

 

La diffusion du Terre-Neuve dans le reste de l'Europe

 

Le Terre-Neuve se diffusa aussi dans le reste de l’Europe au cours du 19ème siècle : Allemagne, France, Pays-Bas, Suisse... Le géologue suisse Albert Heim (1849-1937) en fit d'ailleurs une description détaillée au tout début du 20ème siècle.

 

Toutefois, la Première Guerre mondiale faillit être fatale à sa présence sur le Vieux Continent : un chien d'un tel gabarit nécessite en effet d'importantes quantités de nourriture, ce qui est évidemment problématique en période de privations.

 

Les années 1920 et 1930 permirent un redressement spectaculaire, grâce notamment à l'arrivée de Satan, un spécimen originaire de l'île de Terre-Neuve, qui se fit connaître en remportant de nombreuses expositions. Il contribua à susciter un réel engouement pour la race, qui se traduisit par une forte augmentation du nombre d'éleveurs et de portées dans différents pays européens.

 

Cela fut potentiellement décisif pour lui permettre d'y perdurer malgré la Seconde Guerre mondiale, qui évidemment décima sa population.

 

Quelques années après la fin des hostilités, l’importation de spécimens en provenance des États-Unis lui permit de reprendre du poil de la bête, et elle obtint en 1954 la reconnaissance de la Fédération Cynologique Internationale (FCI). Cela marqua un tournant, car une centaine d'organismes nationaux en sont membres. C'est le cas notamment de ceux de la France (la Société Centrale Canine, ou SCC), de la Belgique (la Société Royale Saint-Hubert, ou SRSH) et de la Suisse (la Société Cynologique Suisse, ou SCS).

 

La diffusion du Terre-Neuve aux États-Unis

 

En plus de l'Europe, le Terre-Neuve se diffusa aussi dès le 19ème siècle aux États-Unis. Il s'y fit rapidement une place, comme en atteste sa reconnaissance en 1886 par l'organisme cynologique de référence dans le pays, l'American Kennel Club (AKC). Le United Kennel Club (UKC) attendit pour sa part 1919 pour en faire de même.