Le chien est aujourd'hui considéré comme le meilleur ami de l'être humain, et fait d'ailleurs partie de la vie de milliards de personnes.
Pourtant, cela n'a pas toujours été le cas.
À quelle époque les ancêtres du chien ont-ils été domestiqués, et pourquoi ?
Il est difficile d'établir avec précision des dates de domestication du chien que l'on puisse considérer comme définitives.
La thèse généralement admise est que la domestication eut lieu dans ce que l'on nomme le croissant fertile, zone du Proche-Orient en forme d'arc de cercle, englobant la Palestine, l'Iran et le nord de la Turquie. Ainsi, en Iran, des fossiles de chiens proches du loup indien datant de 11.500 ans ont été retrouvés dans une grotte, près de restes humains. De même, dans une grotte du mont Carmel, en Palestine, le fossile d'un chiot datant de 12.000 ans a été découvert, le thorax recouvert par la main d'un squelette humain en position fœtale.
Cependant, il y a quelques années, des fossiles ont été retrouvés en Allemagne, reculant la domestication à 14.000 ans.
Enfin, en 1997, Robert Wayne, biologiste de l'université de Californie à Los Angeles, analyse l'ADN de loups, chiens, coyotes et chacals, soit tous les cousins de l'espèce Canis. Ses travaux le conduisent à affirmer que le loup est l'ancêtre du chien, et que la domestication aurait eu lieu il y a 100.000 à 150.000 ans.
Ainsi, dès le Paléolithique moyen, l'Homo Sapiens aurait déjà dans son foyer l'ancêtre de notre chien actuel, proche du loup.
Comme le chien, l'être humain de l'époque vit en meute hiérarchisée, chasse un gibier similaire et fréquente les mêmes territoires. Tous deux ont un fort instinct grégaire, synonyme de survie. Il est probable que cette promiscuité et cette concurrence aient donné lieu à de sanglantes rencontres, avant que quelques représentants canins, peut-être tenaillés par la faim, se soient laissés tenter par la chaleur d'un foyer. Ce furent les premiers pas vers ce qui devait devenir une indissociable coopération.
Très vite, l'être humain a compris les avantages qu'il pouvait retirer des fantastiques qualités de cet animal : ses sens sont plus aiguisés, ses facultés physiques plus adaptées à la chasse, son endurance est supérieure, et sa socialisation est simplifiée par la volonté d'intégration instinctive du chien.
Dans chaque région, sous chaque climat, et dans chacune des étapes de son évolution et de sa survie, l'être humain a pratiqué un élevage sélectif qui a affiné les caractéristiques spécifiques du chien, et a donné autant de variétés de cet animal qu'il y avait de situations différentes.
De chasseur, le chien est devenu le gardien efficace des habitations sédentaires ou nomades de l'être humain, ainsi que des troupeaux qu'il élevait. Chez les Indiens d'Amérique, avant l'arrivée des colons européens, le chien était aussi utilisé comme animal de bât, puisque le cheval n'était pas encore présent dans cette partie du globe. Puis, au fil de l'évolution, les chiens ont été dressés pour les compétitions sportives pour assister les secouristes, les policiers ou les militaires, et pour guider les personnes malvoyantes.
D'autres espèces animales seront également domestiquées, mais plus tardivement. C'est le cas par exemple du cheval de Prjevalski, domestiqué il y 50 siècles, du chat sauvage ou Felis Sylvestris, du sanglier, Sus Scrofa, qui deviendra le cochon que l'on connaît, ou encore du bouquetin, Capra Hircus, notre chèvre actuelle.
L'être humain a utilisé le potentiel génétique de l'ancêtre du chien (la couleur de la robe, la taille, etc.) pour atteindre le polymorphisme le plus poussé que l'on connaisse en élevage d'animaux domestiques. Les races de chiens qui existent aujourd'hui ont en effet été créées par l'être humain. Sans son intervention, les chiens se seraient unis selon le hasard ou l'attirance sexuelle, et non selon leur forme, leur taille ou la couleur du pelage.
Il existe pourtant des cas où un type déterminé peut se créer de manière naturelle : il faut pour cela qu'il y ait un isolement géographique. Cela a été le cas pour le dingo en Australie.
Les premiers classements de chiens ont été effectués dans l'Antiquité, selon les aptitudes de l'animal : chien de chasse, chien d'agrément ou chien de garde. Plus tard, au Moyen-Âge, Gaston Fébus, comte de Foix, classa les chiens selon leurs fonctions et leurs aptitudes : les molosses, les Lévriers, etc.
Puis, au 18e siècle, le naturaliste et biologiste Buffon utilise les ressemblances entre les oreilles pour classer les chiens : oreilles droites, semi-tombantes et tombantes. En 1755, il écrira « Et les oreilles pendantes de la servitude domestique, ne se trouvent-elles pas dans presque tous les chiens ? Sur environ 30 races différentes dont l'espèce est aujourd'hui composée, il n'y en a que deux ou trois qui aient conservé leurs oreilles primitives : le chien de berger, le chien-loup et les chiens du Nord ont seuls les oreilles droites ».
Plus tard, le professeur Dechambre distinguera trois grands groupes de caractères :
En 1900, c'est le vétérinaire et entomologiste Jean Pierre Mégnin qui adoptera une classification plus moderne en créant quatre groupes :
Aujourd'hui, les groupes de races de chiens sont au nombre de 10, et l'on compte environ 350 races différentes selon la Fédération Cynologique Internationale (FCI). Ce chiffre est en constante évolution, car certaines races disparaissent, tandis que d'autres sont créées par l'être humain, engendrant par ailleurs parfois des tares héréditaires.
Le chien a occupé une place importante dans bon nombre de civilisations. Ainsi, 3.000 ans avant notre ère, en Égypte, il prête ses traits à Anubis, dieu funéraire, et est momifié avec les Pharaons. En Grèce, il devient Cerbère, gardien des portes de l'Enfer.
Toujours en Grèce, de façon plus terre-à-terre, Plutarque l’historien Grec raconte une anectote aux conséquences assez fâcheuses : "les gens d’Oxyrhynchos, parce que ceux de Cynopolis (« ville du chien ») avaient mangé de l’oxyrhynque (un poisson du Nil), prirent des chiens, les immolèrent et les mangèrent comme victimes. De là n’acquit une guerre dans laquelle les deux villes eurent l’une et l’autre beaucoup à souffrir. Par la suite, ce différend fut réglé par les Romains qui les châtièrent". On ne rigolait pas avec les chiens à Cynopolis, manifestement !
Plus tard, les Romains initieront le chien à l'art de la guerre, tandis qu'en Chine, les empereurs iront jusqu'à lui faire une place sur le trône.
Ce n'est qu'à partir de la fin du 19ème siècle qu'un nouveau rôle, peut-être moins prestigieux mais pas moins utile, lui est attribué : celui de compagnon de tous les jours. Un statut qui rend hommage à son intelligence, son amour et sa fidélité.