La narcolepsie est une maladie que l'on retrouve chez le chien, le chat, l'Homme, ainsi que de nombreux autres mammifères. Les symptômes exacts diffèrent en partie selon les espèces, mais dans tous les cas, les troubles du sommeil qui en découlent peuvent être très handicapants.
À quoi est due la narcolepsie chez le chien ? Comment la reconnaît-on ? Existe-t-il un traitement, ou des précautions particulières à prendre avec un chien narcoleptique ?
La narcolepsie est un trouble du sommeil chronique qui se caractérise par une hypersomnolence diurne, c'est-à-dire un excès de sommeil pendant la journée ou de brèves phases d'endormissement spontané, alors qu'il est debout ou en train d'effectuer une action. Chez la gent canine, un des principaux symptômes de la narcolepsie est la cataplexie, c'est-à-dire une perte brutale et temporaire de tonus musculaire ; c'est la raison pour laquelle ces deux termes sont souvent associés.
Même si elle n'est pas mortelle et ne s'aggrave pas avec le temps, cette maladie neurologique du chien est handicapante pour lui, en raison des pertes de connaissance et des chutes qu'elle provoque de manière quasi imprévisible.
La narcolepsie n'est pas contagieuse : elle ne peut pas se transmettre à un congénère, un autre animal ou un humain.
La narcolepsie est due à un dysfonctionnement de la transmission des orexines, des neurotransmetteurs présents dans le cerveau du chien (plus précisément dans son hypothalamus), qui ont pour fonction de stimuler l'état d'éveil ainsi que l'appétit.
Elle peut avoir pour cause :
La narcolepsie pourrait également être la conséquence d'une défaillance du système immunitaire, même si ce lien n'est pas prouvé à l'heure actuelle.
Les symptômes de la narcolepsie chez le chien sont les mêmes quelle qu'en soit la cause : seul l'âge à partir duquel ils se manifestent peut différer (avant 6 mois dans le cas d'une mutation génétique, à n'importe quel âge dans le cas d'un traumatisme).
Chez cette espèce, elle se caractérise avant tout par une cataplexie, c'est-à-dire une perte brutale et conséquente de tonus musculaire, qui apparaît généralement à la suite d'un exercice physique (baignade du chien, partie de chasse, séance de sport canin, etc.) ou d'une émotion vive (attente du repas, excitation à la suite d'une séance de jeux, rencontre avec des personnes ou des congénères inconnus...). Incapable de se maintenir debout, l'animal tombe brutalement comme s'il perdait connaissance, à la différence qu'il est parfaitement conscient et qu'il répond aux stimulations. Il retrouve normalement sa mobilité au bout de quelques secondes à quelques minutes, et se remet debout de lui-même, comme si de rien n'était. Il peut toutefois finir par s'endormir réellement si la cataplexie se prolonge plus d'une ou deux minutes.
En plus de ces crises, le chien narcoleptique souffre généralement d'autres troubles : il peut par exemple s'endormir spontanément au milieu d'une action, et se réveiller quelques minutes plus tard. Il a aussi tendance à être moins actif que ses congénères et à somnoler pendant la journée, tandis que la nuit, son sommeil est bref, agité et fréquemment interrompu. Toutes choses égales par ailleurs, un animal narcoleptique dort néanmoins plus que la normale, mais le maître ne s'en rend pas forcément compte, car le sommeil d'un chien est par nature haché.
Contrairement à la plupart des maladies, les symptômes de la narcolepsie n'évoluent pas avec le temps : ils n'ont tendance ni à s'aggraver, ni au contraire à s'atténuer. Ils se manifestent à l'identique quel que soit l'âge du chien, et restent présents tout au long de sa vie.
Par ailleurs, il n'existe pas véritablement de règle quant à leur fréquence d'apparition, car cela dépend de chaque individu et surtout de son mode de vie. Chez certains qui sont très sollicités sur le plan physique ou émotionnel, les crises peuvent être quotidiennes ou presque, tandis que chez d'autres, elles sont bien plus rares.
Pour diagnostiquer la narcolepsie chez le chien, le vétérinaire commence par effectuer différents examens (prise de sang, analyse d'urine...) dans le but de mettre en évidence une éventuelle autre maladie qui pourrait expliquer les symptômes. Il pose aussi des questions au maître concernant les antécédents de l'animal et son comportement. Il cherche ainsi à déterminer les situations les plus à même de causer les symptômes.
Dans le cas où le maître a eu la possibilité de filmer une crise de narcolepsie, le praticien peut s'appuyer sur ces images pour affiner son diagnostic. Dans le cas contraire, il peut lui-même chercher à recréer des conditions d'excitation similaires, par exemple en offrant de la nourriture à l'animal et en observant sa réaction.
Enfin, si le chien appartient à l'une des races prédisposées à la narcolepsie, le moyen le plus rapide et efficace d'être fixé est de procéder à un test génétique. Il faut généralement compter entre 50 et 70 euros pour la réalisation d'un tel test, et les résultats sont disponibles sous une dizaine de jours.
La narcolepsie est une maladie incurable chez le chien comme chez les autres espèces, et ce quelle qu'en soit la cause. Une fois apparus, les symptômes se manifestent tout au long de sa vie. La seule consolation est que, contrairement à la plupart des autres maladies, ils n'ont pas tendance à s'aggraver avec les années.
Il existe toutefois un traitement symptomatique qui permet de limiter l'apparition et la durée des crises de cataplexie et des endormissements soudains, qui sont les symptômes les plus handicapants. Ce traitement doit être maintenu à vie, ce qui a tôt fait de représenter une dépense non négligeable, en particulier si la maladie apparaît alors que l'animal est encore jeune. Les dépenses correspondantes peuvent éventuellement être prises en charge par l'assurance santé du chien, si tant est que le maître ait pris soin d'en souscrire une avant l'apparition des premiers signes.
D'autres traitements peuvent également être nécessaires si jamais la narcolepsie est causée par un problème neurologique, comme une tumeur ou une inflammation des tissus cérébraux. Il convient au passage de noter que la narcolepsie ne réduit pas l'espérance de vie d'un chien, et n'est donc pas de nature à aggraver le pronostic relatif à cette cause sous-jacente.
La vie au quotidien avec un chien narcoleptique n'est pas très différente de celle avec un autre qui ne l'est pas, si bien que la plupart des individus parviennent à continuer de mener une existence quasiment normale.
En effet, même si certains symptômes peuvent être impressionnants, la maladie n'est pas douloureuse et ne représente pas en elle-même une menace pour la santé de l'animal. Le principal risque est en fait indirect : c'est celui qu'il se fasse mal en tombant brutalement, voire qu'il se retrouve en danger du fait d'être incapable de bouger pendant quelques instants. Par exemple, le risque de noyade du chien est réel si la cataplexie survient au cours d'une baignade.
Pour limiter ce risque, le vétérinaire établit une liste des épisodes et évènements du quotidien qui sont susceptibles de déclencher une crise : charge dès lors au maître de bien l'avoir en tête en permanence, pour éviter autant que possible les situations potentiellement dangereuses (la chasse ou les baignades en mer, par exemple) et être prêt à parer une éventuelle chute brutale de l'animal dans les autres. Avec le temps et l'habitude, il peut même finir par être en mesure de détecter certains signes avant-coureurs annonçant une crise imminente (comme un affaissement du cou ou de l'arrière-train, par exemple), et ainsi être capable de rattraper son chien juste avant qu'il ne s'écroule.
Pendant les moments où aucun membre de la famille n'est présent au domicile, il est préférable de placer l'animal dans un endroit sécurisé, au cas où il ferait une crise lorsqu'il se trouve seul et sans surveillance. Par exemple, il faut alors l'empêcher d'avoir accès à des endroits accidentogènes comme des escaliers ou un point d'eau, en utilisant par exemple des barrières ou tout autre dispositif permettant d'éviter qu'il ne s'en approche.
Enfin, comme un chien narcoleptique tend à être moins actif que ses congénères du fait de son hypersomnolence, il peut être nécessaire d'adapter son régime alimentaire afin de limiter le risque de surpoids voire d'obésité.
La narcolepsie n'est pas une maladie grave en soi, mais elle peut conduire à des accidents du fait des chutes brutales et des endormissements spontanés qu'elle provoque. Il n'existe pas de traitement curatif, mais certains médicaments permettent au moins d'espacer les crises et de faire en sorte qu'elles durent moins longtemps.
Dans la mesure où la narcolepsie peut être d'origine génétique, le mieux à faire lorsqu'on possède un représentant d'une race à risques consiste à se renseigner sur les antécédents médicaux de ses géniteurs, voire à obtenir le résultat du test génétique, si jamais l'éleveur l'a fait réaliser (ce qui est toutefois peu probable, à moins que l'animal présentait déjà des symptômes lorsqu'il était encore chez lui). En tout état de cause, étant donné que la maladie peut aussi avoir d'autres causes, cette précaution ne permet de toute façon pas d'assurer un risque zéro.